Critique : Spring Breakers

Mathieu 19 mars 2013 2
Critique : Spring Breakers

Réalisateur : Harmony Korine
Acteurs : James Franco, Vanessa Hudgens, Selena Gomez
Genre : Drame
Sortie française : 6 mars 2013
Pays de production : USA
Durée : 1h32
Restrictions : Interdit -12 ans

Après 4 ans de silence depuis son dernier long métrage, Trash Humpers, le réalisateur ricain Harmony Korine revient en 2013, accompagné de quatre charmantes demoiselles du genre « mignonettes bien gaulées ». Spring Breakers fut lancé à grand coup de promotion sexy, affiches emplies de bikinis bien remplis et couleurs flashy. Le schéma-type du teen-movie, en somme… ou pas ?

Synopsis : Faith, Cotty, Brit et Candy sont quatre copines un peu beaucoup bitchy-girly, au moins autant qu’elles sont fauchées, ce qui pose un léger problème quand il s’agit de s’offrir leur rêve : aller s’encanailler au Spring Break en Floride. Grâce à une vilaine action, elles se remplissent assez les poches pour payer le voyage et le logement, ainsi que tourner 24h/24 au cocktail alcool/fumette/poudre… ce qui leur vaudra un court voyage en zonz’, avant d’être sorties de justesse par l’énigmatique Alien…

Harmony et ses drôles de dames

Spring Breakers l'affiche du filmSoyons honnêtes : quand on ne sait pas que Harmony Korine a été réalisateur de Gummo ou scénariste de Ken Park, on s’attend fortement à ce que Spring Breakers soit un American Pie girly-side, rendu acceptable par la gent masculine grâce à grand renfort de seins animés ponctuant le film. De ce côté-là, on est pas déçus : le film démarre avec un déluge de mamelons arrosés au bourbon et saupoudrées de coke comme de sable. Pour la plupart des spectateurs, le film pourrait se terminer après ces quelques minutes. Heureusement, ce n’est pas le cas.

Bien que qualifié de « dramatique », Spring Breakers garde tout de même un aspect comédie inhérent à ce genre de film ; on n’y rentre pas sans ce petit aspect fun qui prépare le terrain. Le film est notamment porté par les anciennes égéries Disney, Serena Gomez et l’« oppa High School Musical » Vanessa Hudgens, trop proprettes par leurs passés cinématographiques. Les deux autres demoiselles, Ashley Benson et madame Harmony Korine, Rachel Korine, sont, elles, bien plus méconnues du public.

Néanmoins, le style d’Harmony Korine ne trompe pas : plans fixes à la chaîne, soutenus par de lancinantes musiques, posent rapidement l’effet dramatique qui vient casser un départ road-moviesque en plein campus. La photographie est assez belle, rendons ceci au dernier né de Korine. Après la partie « nous sommes une bande de gue-dins, on va au Spring Break, on boit, on fume et on paye nos p’tits corps de rêve », débarque un James Franco décidément en forme, le vent en poupe puisque en même temps à l’affiche du Monde Fantastique d’Oz de Sam Raimi… un Disney. Eh oui, Harmony Korine aime la souris aux grandes oreilles.

Et là, le talent du réalisateur se révèle enfin : sans évènement réellement dramatique, Korine instaure un climat tendu en fond d’encanaillage sévère, qui, parallèlement à ce qui les quatre filles ressentent comme un épanouissement tant attendu, décrit surtout une descente aux enfers. Un Virgin Suicides en puissance, en somme.

Bien que correct, le jeu des quatre héroïnes ne casse pas des briques. On a plaisir à voir Vanessa Hudgens sortir de son aspect trop sage ; Ashley Benton reste malheureusement un peu dans l’ombre de cette dernière. Par contre, on devine que Rachel Korine serait toujours sur les listes des intermittents du spectacle crève-la-faim si elle n’avait pas été Mme Korine. La vraie révélation, c’est peut-être Selena Gomez, qui offre un joli rôle de composition de l’évangéliste qui cherche à rejoindre le côté obscur de la force, avant que le naturel revienne au galop.

Jimmy à la rescousse

James Franco dans Spring Breaker

James Franco grimé en Huggy-les-bons-tuyaux, pour un rôle réussi

Mais il faudra surtout souligner la prestation de James Franco en gentil bad-boy, neuronalement atteint par la fumette. Même si légèrement surjoué, et le très mauvais doublage VF y est pour beaucoup, c’est Mr Harry Osborn qui décroche le rôle le plus intéressant du film. D’abord inquiétant, Alien se révèle de plus en plus comme un bad-boy à bon fond, rendu gangsta par son passé difficile, sa mauvaise éducation et son attirance pour l’argent facile.

Si j’avoue ne jamais avoir été fan du jeu de James, j’expie mes péchés en tirant mon chapeau à l’acteur californien. L’exercice de jouer un petit gangster de banlieue n’est pas facile, celui de le révéler comme type bien à qui la vie n’a pas souri encore plus. On en vient à se demander si le personnage d’Alien est le diablotin perturbateur, ou au contraire l’ange salvateur.

Spring Breakers est une bonne surprise lorsqu’on connaît le travail de Korine, encore plus quand on s’attendait à tout-à-fait autre chose d’un film ne mettant en avant que quatre plastiques parfaites, fermes et jeunes. Par l’image, la musique, les bruitages (l’utilisation régulière de bruits d’armes notamment) et surtout les silences, on ressent le film plus qu’on ne le regarde, et aucun dialogue n’a besoin d’être ajouté pour affirmer la dimension résolument dramatique. Quoi qu’un peu longuet, Spring Breakers mérite d’y consacrer une centaine de minutes de sa vie. Sauf si vous préfériez voir la chronique d’un puceau en herbe découvrir les plaisirs charnels avec une tarte aux pommes.

Bande-annonce de Spring Breakers (2013)

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2 Commentaires »

  1. DreamsSoulful 27 novembre 2014 at 20 h 20 min - Reply

    Je crois que je n’ai pas compris le but du film. Franchement c’est le film qui m’a le plus mis mal à l’aise (malgré mon amour pour Selena Gomez et James Franco)
    En plus j’étais avec mes petits cousins… La honte…
    @DreamsSoulful

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