Critique : Tel père, Tel fils

Lea 6 janvier 2014 0
Critique : Tel père, Tel fils

Réalisateur : Hirokazu Koreeda
Acteurs : Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky, Yoko Maki, Keita Ninomiya, Shogen Hwang.
Genre : Drame
Date de sortie française : le 25 décembre 2013
Nationalité : Japonais
Durée : 2h01

Hirokazu Koreeda aborde la question de la paternité dans tous ses films. Ici, il nous amène dans une situation peu commune et délicate : L’échange accidentel de nouveaux nés à la naissance. Il nous montre que la société fait pression pour privilégier le lien du sang, plutôt que les liens d’amour existants entre les parents et l’enfant qu’ils ont élevé.

Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l’hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…

Le film s’ouvre sur la famille de Ryota. Durant les 10 premières minutes, nous voyons les « liens » qui les unissent ou plutôt qui les Tel-pere-tel-fils_portrait_w858désunissent. Car le père est très exigeant, froid et absent de la vie quotidienne de son fils car il donne la priorité à sa carrière. Puis, vient l’annonce de la nouvelle ainsi que la rencontre des deux familles, qui se revoient en dehors de l’hôpital avec leurs enfants, afin d’essayer de trouver ensemble un moyen de « résoudre » cette affaire. En parallèle, on assiste au procès contre l’hôpital qui est responsable de cet échange accidentel. L’explication de cet échange est douteuse et reste vague. C’est ce qui rend ce film encore plus crédible et plus proche de la réalité.

La problématique du couple et de la famille face à une telle situation, est très bien traitée. Les parents ne font pas de jérémiades et ne s’apitoient pas sur leurs sorts. Ce sont uniquement des parents qui se battent pour ne pas se laisser submerger par les événements. Cependant, l’hésitation des parents quant à la décision finale à prendre, ne cesse de grandir. Le film soulève aussi le fait que les enfants n’ont pas la possibilité de choisir ce qui serait le mieux pour eux. Car les parents aveuglés, ne voient pas que leurs enfants accordent plus d’importance aux parents qui les ont éduqués et choyés ; qu’à ceux qui leur ont donné la vie.

Ce qui est tout aussi intéressant dans ce film, c’est l’opposition entre deux modèles de paternité différents. Mais aussi la différence entre les deux enfants, qui contrairement à toute attente, ne ressemblent en rien à leur géniteur. Le réalisateur ne tombe pas dans les clichés et réussi à composer des personnages authentiques, qui sont tour à tour antipathiques et sympathiques. Hirokazu Koreeda parvient  également à mettre en scène par l’image, le cheminement de pensée de chaque personnage. Avec un jeu irréprochable, les acteurs rendent les personnages attendrissants. Ce qui facilite l’identification aux personnages et permet d’appréhender la douleur qui les ronge.

Malgré la noirceur du thème, le film est touchant, constructif, avec des moments amusants. A aucun moment, on ne tombe dans le pathétique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le réalisateur ne nous propose pas de morale, ni de solutions toutes faites. Ce sont uniquement deux familles qui tentent de se reconstruire et de retrouver un équilibre malgré le tort irréparable qui leur a été causé. C’est un film excellent qui a plus que mérité Le prix du jury reçu lors du Festival de Cannes en 2013.

Bande-Annonce du film Tel Père Tel Fils

Tu as aimé l'article ? Rejoins-nous sur Facebook et Twitter !

Laissez un commentaire »