Critique : Scott Pilgrim vs The World

Arno 18 mai 2012 1
Critique : Scott Pilgrim vs The World

Réalisateur : Edgar Wright
Acteurs : Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Jason Schwartzman, Kieran Culkin, Ellen Wong
Genre : Comédie / Fantastique / Romance
Année de production : 2010
Date de sortie en France : 01 décembre 2010
Pays de production : Etats-Unis 
Durée : 1h52
Classification : Tout public
Site officiel : www.scottpilgrim.com

Scott Pilgrim, c’est avant tout un génial comics du canadien Bryan Lee O’Malley. Le genre de lecture que l’on démarre sans se rendre compte que l’on a abandonné toute vie sociale avant même d’avoir refermé le sixième et dernier tome. C’est également la troisième réalisation d’Edgar Wright, après les très bons mais inégaux « Shaun of the Dead » et « Hot Fuzz ».

Hélas, c’est aussi l’histoire du bide retentissant d’une œuvre inclassable, foutraque, étrange, survitaminée et complètement folle qui n’a pas su trouver son public. Session de rattrapage pour cette magnifique déclaration d’amour à toute une génération, née avec les consoles 8/16 bits.

Synopsis : Scott Pilgrim n’a jamais eu de problème à trouver une petite amie, mais s’en débarrasser s’avère plus compliqué. Entre celle qui lui a brisé le cœur – et qui est de retour en ville – et l’adolescente qui lui sert de distraction au moment où Ramona entre dans sa vie – en rollers – l’amour n’a jamais été chose facile. Il va cependant vite réaliser que le nouvel objet de son affection traîne les plus singulières casseroles jamais rencontrées : une infâme ligue d’ex qui contrôlent sa vie amoureuse et sont prêts à tout pour éliminer son nouveau prétendant. À mesure que Scott se rapproche de Ramona, il est confronté à une palette grandissante d’individus patibulaires qui peuplent le passé de sa dulcinée : du mesquin skateur à la rock star végétarienne en passant par une affreuse paire de jumeaux. Et s’il espère séduire l’amour de sa vie, il doit triompher de chacun d’eux avant que la partie soit bel et bien « over ».

Affiche du film Scott Pilgrim vs The WorldMarqué du sceau de l’infamie dès sa sortie en salle en étant estampillé teen-movie à destination d’un public de demi-décérébrés, et donc passé totalement inaperçu, Scott Pilgrim vs The World ne parlera évidemment pas à tout le monde. Ne songez pas une seconde susciter l’engouement auprès de spectateurs n’ayant aucune sous-culture pop, ou une aversion définitive pour tout ce qui touche de près ou de loin aux jeux vidéo. Mais ce serait se méprendre lourdement que de cantonner cette œuvre à un public allaité au sein des consoles des années 90. Car Scott Pilgrim vs The World, c’est également une jolie histoire d’amour, tendre et… très geek.

Car question coefficient de geekitude, l’impavide Michael Cera fait exploser tous les compteurs dans le rôle titre ô combien complexe de bassiste-gamer-gros loser-canadien-amoureux en incarnant l’archétype du postado (entre 22 et 24 ans, selon qu’il s’agisse du film ou des comics) se laissant porter par les événements et incapable de prendre une décision, tête à claque diablement attachante. L’autre force du bébé d’Edgar Wright et de retranscrire à l’écran avec une dévotion quasi mystique la galerie ahurissante de seconds rôles tous plus barrés les uns que les autres. Mention spéciale à Kieran Culkin en colloc’ gay cynique, sans oublier Jason Schwartzman ni la délicieuse Mary Elizabeth Winstead qui campe une Ramona Flowers que tout mec rêverait d’avoir à minima comme bonne copine.

D’un point de vue technique, le réalisateur franchit un palier à travers une mise en scène virtuose sous forme d’ode aux jeux vidéo, avec la reprise des codes des beat ‘em all ou du versus fighting. Visuellement ou d’un point de vue sonore, Scott Pilgrim vs The World révèle une inventivité rare sans se retrouver bloqué dans l’exercice de style ni se départir d’un minimum de soin apporté à la psychologie des personnages. Evidemment, condenser 1200 pages en moins de deux heures implique des choix narratifs, et Wright met l’accent sur les combats avec les ex, ce qui pourra chagriner le fan de la bande dessinée. Cependant, en dépit de sa folie assumée, de son rythme enlevé, du joyeux boxon ambiant et de la finesse de l’écriture (car des vannes, des répliques assassines et de l’humour, Scott Pilgrim n’en manque pas), on ne peut que voir en creux une analyse plutôt juste de toute une génération un peu paumée.

Enfin, en s’associant à Beck pour la musique, Edgar Wright s’est offert une bande son taillée au cordeau, alternant en un riff morceaux étrangement déprimants et rock primaire.

Scott Pilgrim serait-il devenu un film culte s’il avait rencontré son public ? Qu’importe. Croyez les critiques dithyrambiques, écoutez le bouche à oreille, et craquez pour ce petit plaisir coupable frénétique, inventif, brillant, drôle, et touchant.

Et pour ceux qui ne seraient pas rassasiés, on ne peut que conseiller les comics pour explorer un peu plus cet univers délirant, ou encore le jeu adapté du film adapté du bouquin, sympathique petit beat ‘em all typé 8bits qui devrait encore être disponible sur les boutiques de Sony ou Microsoft !!

Bande annonce de Scott Pilgrim vs the world

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