My god is blue (Sébastien Tellier)

Arno 20 mai 2012 0
My god is blue (Sébastien Tellier)

Artiste : Sébastien Tellier
Genre : Electro Pop
Label : Record Makers
Date de sortie en France : 23 Avril 2012
Nombre de morceaux : 12
Site officiel : www.alliancebleue.com

Sébastien Tellier est un artiste qu’il faut patiemment guetter. Quatre ans, précisément, le temps de se remettre de la voluptueuse et rétro électro-pop du bien nommé « Sexuality » et d’une prestation d’anthologie à l’Eurovision dont on ne peut s’empêcher de penser qu’au-delà du buzz, elle servit essentiellement de rampe de lancement à son album de l’époque.

Passé maître dans les coups médiatiques et la communication savamment orchestrée sans avoir l’air d’y toucher, chantre d’une musique conceptuelle entière, Tellier se réinvente cette fois en gourou raëlien de retour d’un (véritable) trip cosmique, fondateur de la non-secte de l’Alliance Bleue. Et son manifeste n’est autre que son dernier album « My God is Blue ». Nous emmènera-t-il vers Véga du Centaure ou bien direction le cimetière des concept albums fatigués et fatigants ?

Album "My god is blue" (Sébastien Tellier)Pour la première fois en quatre albums, Sébastien Tellier semble décidé à ne pas repartir de zéro d’un point de vue musical. Faut-il y voir une conséquence du succès critique et d’estime de « Sexuality » ? Toujours est-il que la filiation est marquée, à travers l’exploration d’une électro-pop vaporeuse, sensuelle, charnelle. Et si Guy-Manuel de Homem-Christo n’est plus là pour aider à la réalisation, c’est à Mr.Flash (Dj et musicien de l’écurie Ed Banger Records) qu’incombe la lourde tâche d’amener un peu de cohésion et de liant à l’exubérance et l’inventivité de Tellier.

« My God is Blue» est un disque onirique, planant, cosmique, très probablement composé sous l’influence de divers psychotropes plus ou moins costauds. On y retrouve le piano, vieux compagnon de Sébastien Tellier qui donne un cachet plus intimiste à certaines compositions, des envolées de guitares seventies, des ballades folk, des intros hip-hop, des éléments de prog rock que ne renierait pas le groupe Yes, ou encore l’héritage – revendiqué – de figures tutélaires telles Gainsbourg sur le titre d’ouverture « Pépito Bleu » ou Jean-Michel Jarre à travers des boucles évanescentes et électro. La liste ne s’arrête pas là, mêlant Polnareff (« Sedulous »), Dassin (le très disco « Cochon Ville ») ou le dandy destroy Christophe, aboutissant à un magnifique trip temporel sous LSD en direction des années 70. Mais grâce à ses arrangements sophistiqués autour des cuivres, des cordes et d’autres instruments plus confidentiels, glassharmonica et piano tsigane en tête, Tellier reste un moderne et livre un disque très personnel.

L’album n’est pas exempt de défauts. Si le sens mélodique et la drôlerie de l’écriture sont indiscutables en dépit d’une voix un peu paresseuse, l’overdose de chœurs rappelant les heures les moins glorieuses de Vangélis ou Era fait basculer par moments du kitsch de bon aloi vers le mauvais goût. Mauvais goût par ailleurs confirmé par le putassier et pornographique clip de « Cochon Ville », comme quoi même les prophètes les plus passionnés sont faillibles.

Album masturbatoire pour critiques parisiennes pour certains, œuvre entière, folle, sensuelle, extrêmement travaillée et brillante pour d’autres, « My God is Blue » est surtout empreint d’un humour au 56ème degré qu’il ne faut pas perdre de vue. Comme le dit l’artiste dans «Against The Law » : «C’est n’importe quoi, mais c’est beau».

Avec cet album cosmique qui colle aux oreilles, délire mystique dénonçant le mysticisme, le génial bouffon Tellier vous emmènera non pas vers le futur, mais au moins jusqu’à la fin de l’été, les fesses dans l’herbe ou le sable à contempler le temps qui s’écoule et les popotins qui passent. Jusqu’au moment un peu triste où il sera temps de se rappeler avec émotion des noms de ces charmantes demoiselles à qui vous avez compté fleurette (et plus si affinités) en regardant les étoiles tout en s’interrogeant sur l’existence d’une vie extraterrestre et de l’amour universel.

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