Les chansons de l’innocence retrouvée – Etienne Daho

Antoine 24 novembre 2013 0
Les chansons de l’innocence retrouvée – Etienne Daho

Artiste : Étienne Daho
Genre : Pop
Label : Polydor
Date de sortie : 18 novembre 2013
Nombre de titres : 11

Le roi de la pop française fait son grand retour, pour un opus d’une beauté sidérante.

LesChansonsDeLInnocenceRetrouvee_Pochette_560x560Comme de nombreux critiques, je commencerai cet article en rappelant que notre cher Étienne Daho, parrain (si ce n’est dieu) de la chanson française a bien failli sortir son album à titre posthume. Suite à des pépins de santé qui ont retardé la sortie de son album, tout le monde s’est amusé à y trouver un signe de l’ode à la vie proclamé par l’artiste dans Les chansons de l’innocence retrouvée. En vérité, il suffit d’écouter les paroles du premier titre, où il apostrophe l’auditeur : « Es-tu maître de ton destin ? ». Un destin dont l’attribut est un baiser mais qui rime également avec « clandestin » dans la sublime L’Étrangère (en duo avec Debbie Harry). Le hasard n’a donc pas sa place dans l’univers du grand Daho. Bien au contraire…

Après son magnifique album du regret L’Invitation, on s’attendait à retrouver un Étienne Daho plus sombre. Toujours aussi merveilleusement introspectif, le chanteur part du contrepied pour livrer un disque hédoniste. « C’était l’été ou presque. Allongé torse nu dans l’herbe fraîche, je regardais les nuages se défaire. J’ai fermé les yeux, les images ont défilé… » Tels sont les premiers mots venant du texte écrit par l’artiste sur la pochette, dont la couverture à l’arrière-goût oriental fait idiotement polémique. Bourrées de rimes riches à l’épuration parfois déconcertante, les titres s’enchaînent en parvenant chacun leur tour à décrire le lieu, les personnages mais aussi les sensations avec une précision et une justesse qui hérissent le poil. De sa voix posée, Daho se met encore une fois à nu pour nous offrir des moments de poésie basés sur sa vie, de ses voyages en Angleterre (Onze Mille Vierges) à son amour du disco noir (Les chansons de l’innocence retrouvée).

C’est d’ailleurs grâce à cet amour inconditionnel de la musique qu’Étienne Daho réjouit le plus, cherchant perpétuellement l’harmonie entre des textes méditatifs et des mélodies dansantes. Majoritairement pop, on reconnaît néanmoins des accents de funk (notamment grâce à la présence de Nile Rodgers sur Les torrents défendus) au sein de cette harmonie de piano, de riffs de guitares entêtants et de cordes virevoltants. Énergique, l’album l’est à chaque instant, créant néanmoins de beaux pincements au cœur sans jamais traiter de manière mièvre de la nostalgie. Le champ lexical du corps s’accorde alors à celui de la douleur. « Souffrirais-je un jour de moins souffrir ? » dit-il. La Peau Dure devient alors la synthèse de la leçon de vie que nous apporte l’auteur, où les blessures et les souvenirs s’encrent à jamais : « A chacun son chemin, chacun ses déchirures ». C’est justement la capacité de ce nouvel album, nous offrant des chansons de l’innocence que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

Etienne Daho revient en grande forme et peut se vanter d’avoir signé l’un des meilleurs disques de l’année, et plus particulièrement sur la scène française dont il atteint le firmament jusque-là accordé aux Daft Punk (rien que ça !). Beau à en pleurer tout en restant optimiste, Les chansons de l’innocence retrouvée est tout simplement un grand moment de pop, mais surtout un grand moment de poésie.

Clip : La Peau Dure

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