Critique : Dark Shadows

Arno 11 mai 2012 0
Critique : Dark Shadows

Réalisateur : Tim Burton
Acteurs : Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Eva Green, Chloe Moretz
Genre : Fantastique / Comédie
Année de production : 2012
Date de sortie en France : 9 mai 2012
Pays de production :  Etats-Unis
Durée : 1h52
Classification : Tout public

Cela fait maintenant quelques années que l’on réclame le retour du « vrai » Tim Burton. Grosso modo, depuis « La Planète des Singes » qui marqua une vraie rupture dans la filmographie, l’espoir est entretenu à intervalles réguliers. Las ! Tartiner la tête de Johnny Depp de tonnes de maquillage et le laisser cabotiner n’y changent rien, Tim Burton est passé en mode réalisateur Canada Dry : ça a le goût de Burton, la couleur de Burton, mais… ce n’est pas du Grand Burton. Et arrive donc «Dark Shadows », auréolé d’une réputation flatteuse et quasi adoubé à l’avance : il s’agirait enfin du retour tant attendu aux sources burtoniennes. Verdict.

Synopsis : En l’an 1752, Joshua et Naomi Collins, et leur jeune fils Barnabas, quittent Liverpool, Angleterre et prennent la mer en direction de l’Amérique pour commencer une nouvelle vie. Mais même un océan n’a pas suffi à éloigner la mystérieuse malédiction qui s’est abattue sur leur famille. Deux décennies plus tard, Barnabas (Johnny Depp) a le monde à ses pieds — ou tout au moins la ville de Collinsport dans le Maine. Le maître de Collinwood Manor, Barnabas, est riche, puissant et un playboy invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angélique Bouchard (Eva Green). Angélique, une sorcière dans tous les sens du terme, le condamne à un destin pire que la mort : elle le transforme en vampire et l’enterre vivant…

Affiche du film Dark ShadowsImaginez-vous au 18ème siècle. Prenez un homme puissant, noceur, séducteur. Collez-lui une malédiction, transformez-le en vampire et faites-le se réveiller en 1972. Adjoignez-lui une galerie de personnages tous plus barrés les uns que les autres, saupoudrez de situations décalées avec une grosse pointe de gothique, et voilà le pitch de Dark Shadows. Jean Marie Poiré n’avait pas fait fondamentalement autre chose avec les Visiteurs, en 93. Si cela avait marché à l’époque, alors il n’y a aucune inquiétude à avoir quant au succès futur du film qui nous intéresse aujourd’hui. Mais est-ce un bon Burton pour autant ?

Au registre des bonnes nouvelles, on ne peut qu’applaudir le retour aux tournages en décors réels après la traumatisante expérience des fonds verts d’Alice au Pays des Merveilles et son cyber Johnny Depp drag-queenisé pour l’occasion. Et tant mieux, les acteurs comme le réalisateur semblent s’y retrouver. Dark Shadows est également un très beau film, si ce n’est l’un des plus beaux du réalisateur. En plaçant son action dans les 70’s, Burton crée pour l’occasion une esthétique gothico-glam-kitsch irréprochable. Je reprends ma check-list de la Burtonitude : burlesque, ok. Marrant, ok. Gothique, vu. Décalé, oui. Beau à pleurer, bien sûr…Virtuosité de la mise en scène, ok. Mais….

Mais si Burton est sur la voie de la rédemption, il n’est pas encore guéri. Sans vouloir minimiser les performances tout à fait honorables de Michelle Pfeiffer et surtout Eva Green (qui porte très bien le blond), c’est sur Johnny Depp que repose le poids du film. « Comme d’habitude » diront les âmes chagrines. Et bien non, pire en fait, tant il semble que l’ex égérie de 21 Jump Street ait oublié d’incarner Barnabas Collins. Et c’est là que le bât blesse : On se retrouve finalement avec une sous famille Adams, la faute à un film bavard, bancal, marqué par des gags lourdauds indignes du casting 5 étoiles. La faute à l’absence de ce regard spécifique à Tim Burton sur la différence. Le feu sacré est-il perdu à jamais ? Retrouvera-t-on un jour Johnny Depp dirigé tel qu’il l’a été en tant qu’Edward ou qu’Ichabod Crane ? Il faut l’espérer, tant il serait bon que Tim Burton retrouve son génie et ne soit pas rangé aux musées des cinéastes qui n’ont pas survécu au bug de l’an 2000.

Dark Shadows est un bon divertissement, qui flatte la rétine et arrache quelques sourires, mais loin des promesses annoncées. En revenant sur le terrain de la comédie fantastique à base de fantômes et de monstres qu’il avait magistralement défriché avec Beetlejuice, on pouvait espérer un retour aux sources de l’inspiration, mais on reste loin, très loin de la subversion et de la transgression des premiers films. Que Burton retrouve son œil sur la différence et l’anormalité, et vite…

Tu as aimé l'article ? Rejoins-nous sur Facebook et Twitter !

Laissez un commentaire »