Critique : Thor : Le monde des Ténèbres

Antoine 1 novembre 2013 1
Critique : Thor : Le monde des Ténèbres

Réalisateur : Alan Taylor
Acteurs : Chris Hemsworth, Natalie Portman, Tom Hiddleston, Stellan Skarsgård, Christopher Eccleston, Idris Elba, Anthony Hopkins
Genre : Super-héros marteau
Date de sortie française : 30 octobre 2013
Nationalité : USA
Durée : 1h50
Classification : tout public

Le dieu de la foudre est de retour pour une aventure plus satisfaisante mais toujours loin de la perfection.

Thor 2 Affiche-FranceThor est sans doute l’un des personnages les plus compliqués à adapter de l’univers Marvel. Trop puissant par rapport à ses copains Avengers, les scénaristes chargés du blondinet ont donc dû trouver des compromis pour que le dieu s’imbrique dans leur univers. Des compromis et des codes qui firent se casser les dents de Kenneth Branagh quand celui-ci tenta de réaliser un film sous forme de mythe shakespearien. Thor premier du nom, de ce mauvais mélange, en oubliait ainsi le traitement de ses protagonistes, n’accentuant jamais le possible charisme de son héros. Cette déception accouplée au triomphe d’Avengers ont donc permis un changement de cap, plus sombre et plus cataclysmique. En effet, face à Malekith, le chef des Elfes Noirs, Thor (Chris Hemsworth, impeccable) aura du boulot pour éviter que ce nouvel ennemi ne plonge les Neuf Royaumes (carrément !) dans les ténèbres…

A tort et à travers.

Voilà les Stormtroopers de contrefaçon chinoise !

Voilà les Stormtroopers de contrefaçon chinoise !

Derrière la caméra, on trouve cette fois-ci Alan Taylor, principalement connu pour ses faits d’armes sur de grandes séries, dont Games of Thrones. Dès les premières minutes, on ressent les ambitions du cinéaste : de grandes batailles, un joli bestiaire et des effets spéciaux de qualité. On se croirait presque dans Le Seigneur des Anneaux avant que le soufflet ne retombe. Voulant livrer une fresque sombre et violente, il privilégie l’action à Asgard et donc l’aspect heroic fantasy de l’histoire. Certes, ce côté pratique évite l’apparition forcée du S.H.I.E.L.D. mais l’oblige à appuyer la technologie (et ainsi la supériorité) asgardienne, remplaçant les chevaux du premier volet par des vaisseaux et des bateaux volants (!). Le principal défaut de Thor 2 vient en réalité de cet imaginaire bâtard, que Taylor tente de crédibiliser dans son scénario sans originalité en l’universalisant, et ceci à grands coups (de marteau) de références aux maîtres (et à Star Wars particulièrement, dont il repique les idées, les designs et les sons). Le spectateur ne s’en retrouve que plus confus, ne parvenant qu’à quelques moments à totalement se laisser emporter par le long-métrage.

La foudre de l’humour.

"Respecte notre classe !"

« Respecte notre classe ! »

Conscient de son matériau lourdaud, l’ami Alan sauve les meubles comme il peut avec le second degré inhérent aux films estampillés Marvel. Souvent drôle, Le Monde des Ténèbres alterne perpétuellement sa dramatisation à l’humour. Étonnamment, on suit à chaque fois, surtout venant de l’irrésistible Loki (excellent Tom Hiddleston), avec lequel Thor va devoir s’allier. C’est d’ailleurs dans ces moments où les personnages prennent le dessus sur l’intrigue que l’on comprend ce qui nous plaît dans ce nouveau crû : la richesse de l’univers Marvel et son attachement à ses protagonistes. De film en film, qu’ils soient bons ou terriblement mauvais, on se réjouit de suivre des figures familières que tous les réalisateurs ont le bon sens de faire évoluer à chaque fois, un peu comme dans une série. C’est là l’immense pouvoir de l’empire Marvel, dont Thor 2 montre néanmoins les limites…

C’est qui le patron ?!

"Chéri, est-ce que tu veux m'électrifier ce soir ?"

« Chéri, est-ce que tu veux m’électrifier ce soir ? »

Avec des ellipses parfois grossières précipitant certains évènements pour ne laisser aucun temps mort, on devine qu’Alan Taylor n’a pas eu le final cut de son bébé. On serait presque tenté de le plaindre tant il essaie d’insuffler ses idées dans un blockbuster malheureusement trop calibré, comme en témoigne sa mise en scène relativement simple qui se permet tout de même quelques fulgurances (notamment sur le combat final à travers les dimensions). On retiendra cependant un traitement beaucoup plus habile de l’amourette entre Thor et Jane Foster (Natalie Portman, parfaitement à l’aise) ainsi que quelques pistes de réflexion sur le pouvoir, accentué par un cliffhanger et une scène post-générique nous rendant coupable d’impatience. Étrangement, si Thor est l’un des rares super-héros à ne pas avoir de double identité, il se révèle être l’un des plus schizophrènes, oscillant entre deux mondes, entre le drame et l’humour, entre les ambitions d’un cinéaste et le mercantilisme d’un studio, qui parvient malgré tout à nous convaincre de nous précipiter sur leur prochain long-métrage.

Plus abouti que le premier volet, Thor : Le Monde des Ténèbres n’est pas pour autant exempt de défauts. Le scénario fourre-tout et l’esthétique souvent belle mais parfois discutable sont heureusement rattrapés par l’aura des personnages et le talent de leurs interprètes. Bien que divertissant, le film laisse un goût finalement assez fade, n’étant ni bon ni mauvais mais nous permettant de nous rendre compte de l’emprise des studios Marvel sur le monde des blockbusters.

Bande-annonce de Thor : Le monde des ténèbres

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Un Commentaire »

  1. Julien
    Julien 2 novembre 2013 at 1 h 58 min - Reply

    J’en sors tout juste et je te rejoins sur de nombreux points !
    En effet mieux que le premier (ce n’était pas difficile !) je trouve que l’histoire est vraiment longue à se mettre en place. Et j’ai l’impression que l’univers Marvel nous sert toujours la même soupe en guise d’intrigue… A part Loki qui est très charismatique, on a droit à de piètres méchants. Ils manquent atrocement d’imagination et comblent avec de l’humour (très réussi ici), des scènes d’actions (bien souvent formatées et banales bien qu’ici la bataille finale soit très réussie) et nous balancent des cliffhangers qui donne forcément envie de voir le suivant.

    Bref, j’en ai déjà fait part mais je ne suis pas particulièrement fan de l’univers Marvel dans leur manière de traiter les histoires.

    Cependant je trouve cet opus un poil au dessus des autres. J’espère que c’est de bonne augure pour le reste de la phase 2 d’Avengers.

    En tous cas même si ça ne plait pas, on a plaisir à revoir la belle Natalie Portman sur grand écran et ça c’est déjà super :).

    Belle critique Antoine 😉

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