Critique : The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros

Antoine 1 mai 2014 0
Critique : The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros

Réalisateur : Marc Webb
Acteurs : Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx, Dane DeHaan, Sally Field…
Genre : L’araignée est tombée dans la purée !
Date de sortie française : 30 avril 2014
Nationalité : USA
Durée : 2h21
Classification : tout public

Plus d’action et plus de méchants, mais moins d’ambitions pour une suite cynique et inutile.

The-Amazing-Spider-Man-2-Le-Destin-d’un-Héros-Affiche-02Profondément antipathique, The Amazing Spider-Man premier du nom n’était pas tant un mauvais film qu’un film inutile, réalisé dans l’unique but de permettre à Sony de conserver la licence de l’Homme-Araignée. Au-delà d’un comparatif forcément désavantageux avec la trilogie de Sam Raimi, le long-métrage de Marc Webb se révélait hésitant à cause de sa narration étirée ou speedée (selon les moments), et manquait surtout cruellement de point de vue. Face à ce pur produit mercantile, le public avait avait eu la bonne idée de se tourner la même année du côté des Avengers de Joss Whedon ou du Dark Knight Rises de Christopher Nolan, n’empêchant pas malgré tout ce cher Peter Parker de réaliser un score honorable au box-office. Alors pourquoi The Amazing Spider-Man 2 (sous-titré en français Le Destin d’un Héros, paye ton cliché) a-t-il été autant attendu ? Tout simplement parce que Marc Webb semblait enfin délivré de la genèse déjà racontée de notre ami l’arachnéen pour pouvoir enfin en offrir sa vision, et s’amuser avec.

Vertigo.

Les scènes d'action se révèlent électriques !

Les scènes d’action se révèlent électriques !

De l’amusement, il y en a dans The Amazing Spider-Man 2, et le film en est d’autant plus décevant qu’il démarre sur les chapeaux de roue, entre une intro dynamique dans un avion (qui ne fera pas pour autant pâlir celle de The Dark Knight Rises) et des retrouvailles aériennes avec Spidey, alternant travellings vertigineux et plans façon GoPro, action renversante et humour quasi-burlesque, pour renvoyer au héros farceur des comics. Le constat est sans appel : entre deux films, Webb a appris à cadrer son super-héros, et chaque scène d’action regorge de money shots de qualité qui permettent enfin au cinéaste de rendre compte des pouvoirs de l’Araignée. Le problème, c’est que toutes ces montées d’adrénaline sont déjà connues de ceux ayant vu au moins l’une des nombreuses bandes-annonces, sorties il y a plusieurs mois sur le net. S’il risque de faire son petit effet sur les entrées, ce bourrage de crâne marketing annonçait dès lors la peur de Sony envers la qualité de sa production. A juste titre.

Super-ado !

La romance entre Peter et Gwen peine à convaincre.

La romance entre Peter et Gwen peine à convaincre.

En effet, Le Destin d’un Héros porte très mal son titre, tant il ne fait en rien évoluer son personnage. Adieu la crise existentielle décrite dans la saga originale, place à des scènes de dialogues laborieuses entre Peter Parker et Gwen Stacy (pourtant bien campés par Andrew Garfield et Emma Stone), ponctuées de blancs et d’onomatopées pour ne finalement pas dire grand-chose. Les traumas du protagoniste principal pourraient être intéressants (notamment en ce qui concerne la disparition de ses parents), mais le doute est ici représenté par la stagnation, celle d’un ado lambda immature qui refuse de grandir, et qui ne se pose que trop peu de questions quant à la pertinence de son rôle de justicier. Certes, le centre du comics reposait sur l’identification du public au personnage, mais les problèmes quotidiens et les amourettes du héros se retrouvent ici étouffés au milieu des sous-intrigues. Toute caractérisation subtile est alors sacrifiée par une volonté d’efficacité de divertissement qui, de ce fait, ne prend pas. The Amazing Spider-Man 2 crée le paradoxe d’être interminable (2h20) sans jamais conclure ce qu’il entreprend. La majorité des séquences paraissent comme de simples ponts que devrait franchir Spidey au fil de ses toiles, entre deux scènes de baston numérique.

Bas les masques !

Electro, alias le Dark Sidous de Pandora.

Electro, le Dark Sidious de Pandora.

Cette frustration touche ainsi l’un des éléments principaux de ce type de productions : les méchants. Malgré l’implication de Jamie Foxx et de Dane DeHaan dans la peau respective d’Electro et du Bouffon Vert, leur passage du côté obscur est quasiment risible tant il est sous-développé (et on ne parlera pas de Rhino, qui tombe comme un cheveu sur la soupe). Le manque d’ampleur de ces personnages est d’autant plus décevant qu’ils avaient un fort potentiel, gâché par un montage haché par la production qui leur fait perdre de leur aura. Pour le premier, la séquence à Times Squares, avec tous ces écrans géants diffusant son portrait, était pourtant un joli reflet de sa solitude, qui le pousse à délivrer sa colère à coups d’électricité. Malheureusement, rien auparavant ne nous a fait prendre parti pour ce cliché du nerd, manipulé par la société capitaliste. Seuls les excellents thèmes de Hans Zimmer tentent en vain de caractériser ces personnages que le scénario n’aide guère. La vengeance que les deux alliés entreprennent contre Spider-Man devient dès lors une bagarre de cour de récré ridicule dopée aux effets spéciaux, et dénuée de justification. De plus, Webb semble penser que divertissement pour enfants rime avec humour omniprésent. Outre le fait que la plupart des blagues ne fonctionnent pas, ce ton léger désamorce tous les enjeux dramatiques du long-métrage, et tout particulièrement la charnière du dernier quart d’heure (que les fans du comics avaient appréhendé un an avant).

Un film sinistre pour les Sinister Six.

Le Bouffon Vert, alias Harry Osborn, est trop peu exploité.

Le Bouffon Vert, alias Harry Osborn, est trop peu exploité.

The Amazing Spider-Man 2 est ainsi horripilant car il ressemble à un enfant qui n’apprend pas de ses erreurs. Marc Webb n’a toujours pas retrouvé la liberté de son (500) jours ensemble et délivre encore une fois un cliché de blockbuster calibré par son studio. En plus de bousiller le peu de remise en question de son héros avec les cinq dernières minutes du film (à croire qu’il n’a pas vu le Spider-Man 2 de Raimi), le cinéaste semble assumer le fait que son long-métrage ne soit qu’un prétexte, une amorce de plus de deux heures pour les Sinister Six et autres spins-off à venir. Ce Destin d’un Héros est à l’image de son personnage : immature et incapable de vivre dans son indépendance, obligatoirement accroché aux jupons de son prédécesseur et de ses prochains successeurs. N’y voyant qu’une poule aux œufs d’or, Sony n’a pas compris que l’immortalité d’un super-héros réside dans sa dimension de mythe. Il s’agit d’un miroir surpuissant et fantasmé d’un type de société, qui s’adapte à sa génération pour en livrer une potentielle critique. Les mythes se doivent donc d’évoluer, à l’inverse de se qu’entreprend le studio avec son personnage. Spider-Man est un regard sur l’adolescence, pas sur l’infantilisation.

Le Destin (mercantile) d’un Héros.

"Je te préviens, pour le 3, le scénario a intérêt à être béton !"

« Je te préviens, pour le 3, le scénario a intérêt à être béton ! »

Pire encore, en acceptant un scénario faiblard qui accumule les clichés au fil de ses trop nombreuses histoires, The Amazing Spider-Man 2 standardise les films de super-héros. Véritables figures de proue des blockbusters de ce début de siècle, ils parvenaient, jusqu’alors et pour la majorité, à se forger une identité, et ce malgré des codes inévitables. Marc Webb caricature le genre en pensant pouvoir synthétiser différents styles. De cette façon, il ne fait qu’enfermer son long-métrage entre la noirceur des Dark Knight, la richesse de l’univers des productions Marvel Studios, et surtout, l’étude fine de ces icônes de la pop culture que proposaient les Spider-Man de Sam Raimi. On pourra donc avouer s’être diverti devant ces nouvelles aventures de l’Homme-Araignée. Mais à quel prix ? Celui d’une sensation de montagne russe éphémère surpassée par le coup de blues (voire l’exaspération) à l’idée que l’un des super-héros les plus populaires du monde soit devenu une simple pub à produits dérivés, sans ambition artistique et sans rien à raconter. Ironiquement, c’est quand il brasse de l’air au sens littéral du terme que Spidey convainc le plus.

Au final, The Amazing Spider-Man 2 est un blockbuster flemmard et d’autant plus décevant qu’il se révèle regardable. Malheureusement, le scénario n’est que prétexte à étendre l’univers de ce cher Spidey pour permettre à Sony de rivaliser avec les Avengers. Désormais, l’Araignée tisse sa toile dans l’ombre.

Bande-annonce : The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d’un Héros

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