Critique : Red 2

Antoine 28 août 2013 0
Critique : Red 2

Réalisateur : Dean Parisot
Acteurs : Bruce Willis, John Malkovich, Mary-Louise Parker, Helen Mirren, Anthony Hopkins
Genre : Les papys en action !
Date de sortie française : 28 août 2013
Durée : 1h56
Classification : tout public

Les retraités de la CIA font leur grand retour. Malgré ses défauts, cette suite du film d’action au casting de rêve résume ses ambitions en un seul mot : plus !

RED-2-Affiche-FranceAprès le succès assez inattendu de Red, il était logique qu’une suite voit le jour. Somme toute assez inégal, le premier volet arrivait cependant à réjouir avec ses vieux de la CIA incarnés par un casting cinq étoiles. De plus, il parvenait à légèrement refléter à travers sa nostalgie des actioners des années 80 une véritable paranoïa étasunienne post-Guerre froide. Le problème, c’est que Robert Schwentke ne poussait jamais ses idées jusqu’au bout, ne faisant presque que les esquisser. Maintenant que nous connaissons le concept et les personnages, il était d’autant plus simple pour le réalisateur Dean Parisot de reprendre le flambeau des aventures de Frank Moses (Bruce Willis) et de ses illustres compagnons fous de la gâchette.

De mon temps, c’était la Guerre froide.

L'expérience des plus âgés l'emporte sur la fougue de la jeunesse.

L’expérience des plus âgés l’emporte sur la fougue de la jeunesse.

Le premier défaut que l’on pourra toutefois apporter à Red 2 est son manque d’originalité. Reposant avant tout sur son idée amusante (déjà assez proche d’autres films du même acabit, Expendables en tête), Dean Parisot ne prend pas la peine de changer le schéma de son long-métrage par rapport au précédent, lassant par moments le spectateur d’une certaine redite. On peut comprendre néanmoins le réalisateur qui cherche à placer son public dans un certain confort, comme celui que cherche Frank avec Sarah (Mary-Louise Parker). Il a conscience de la possibilité que lui offre cette suite et qui lui permet de vivre dans son individualité : faire mieux. Si Red 2 comporte encore quelques baisses de rythme comme son aîné, il en corrige majoritairement les faiblesses. Sur une base de dossier top secret datant de la Guerre froide et de menace terroriste accusant injustement nos héros, le film accumule de façon assez ingénieuse les scènes d’action. Plus spectaculaires mais aussi plus variées, elles jouent pleinement la carte du divertissement invraisemblable et régressif tout en s’assumant pour notre grand plaisir (une fusillade en voiture notamment). Il est alors d’autant plus dommage que ces passages jouissifs soient aussi mal cadrés. Malgré quelques ralentis bien pensés, la réalisation peine à convaincre par sa banalité, et le montage énervera les cinéphiles les plus aguerris, révélant nombreux faux raccords et usant à outrance de tous les angles pris pour une scène (même s’il a la décence de ne pas être épileptique).

Encore cette foutue guerre qui nous retombe dessus !

« Encore cette foutue guerre qui nous retombe dessus ! »

Entre deux gunfights et autres fistfights (c’est mieux de le dire en anglais!), Red 2 n’en oublie pas heureusement son autodérision. Usant de moult stéréotypes du cinéma d’action des eighties (l’intrigue est plus un prétexte qu’autre chose), le film arrive cependant à surprendre par son sous-texte bien plus développé que dans l’épisode un. Grâce au tour du monde qu’entreprennent les personnages, Dean Parisot dépasse la simple peur américaine et internationalise le spectre de la Guerre froide, tout en évitant de faire passer les Russes pour des méchants rancuniers (n’est-ce pas Die Hard 5 ?!). Avec ses histoires de trahison, le spectateur peine autant que les ex-agents à comprendre qui dirige la menace. Faute d’être un divertissement, le long-métrage n’a pas vraiment le temps d’enrichir sa réflexion quant à l’impact d’une guerre sur l’individu et pire, sur une nation. Mais cette volonté du réalisateur de ne pas livrer un blockbuster totalement décérébré mérite d’être saluée, bien que ce ne soit pas forcément ce que l’on cherche au final.

Ce n’est pas l’âge qui compte !

"Hannibal, tu as bien changé !"

« Hannibal, tu as bien changé ! »

Car le principal atout de Red 2, c’est avant tout sa distribution. On aurait aimé voir Bruce Willis aussi en forme sur Die Hard 5 qu’il ne l’est ici. Mary-Louise Parker réjouit dans son rôle de ménagère en manque de sensations fortes. Helen Mirren conserve sa classe habituelle qui détonne avec sa capacité à flinguer tout ce qui bouge, et John Malkovich devient encore une fois notre chouchou avec ses répliques et son air d’isolé parano qui vous tireront à coup sûr de nombreux rires. Au milieu de tout ce beau monde, Dean Parisot n’a pas lésiné sur la surenchère, nous rajoutant une Catherine Zeta-Jones sexy et manipulatrice, un Byung-Hun Lee charismatique et meilleur tueur à gages au monde (si si, ils insistent beaucoup là-dessus dans le film) et un Anthony Hopkins savant fou cabotinant comme jamais. On pourra reprocher à Dean Parisot de se reposer un peu trop sur ce casting qui vend du rêve, mais voir ces vieux de la vieille s’envoyer des vannes et surtout s’éclater à jouer tous ensemble procure certainement la plus grande réjouissance de ce Red 2. A l’heure où les blockbusters privilégient un certain sérieux et où d’irréductibles grosses productions simplettes se vautrent par leur débilité (n’est-ce pas Insaisissables et Percy Jackson 2 ?!), le film de Dean Parisot se révèle être à 2013 ce que Expendables 2 était à 2012 : le divertissement d’action purement récréatif de l’année, qui ne prend pas non plus le spectateur pour un abruti. Si un manque d’ambitions de la part du cinéaste entache un peu l’ensemble, Red 2 ne se prétend pas être plus qu’un pur spectacle réjouissant, même si ce dernier ne marquera certainement pas le cinéma. Qu’importe au final, puisque nous avons passé un bon moment en compagnie de bons acteurs !

Imparfait mais réjouissant, Red 2 est le blockbuster ne se prenant pas la tête que l’on attendait plus. Avec ses acteurs s’amusant à manier les flingues et à s’autoparodier, le film de Dean Parisot entremêle scènes d’action et humour pour un mélange plus maîtrisé que dans le premier volet. Le problème, c’est que le cinéaste ne parvient jamais véritablement à dépasser le pur divertissement. Certes, c’est ce que l’on attendait, mais on aurait aimé peut-être un peu plus.

Bande-annonce de Red 2

Tu as aimé l'article ? Rejoins-nous sur Facebook et Twitter !

Laissez un commentaire »