Critique : Percy Jackson : la mer des monstres

Antoine 23 août 2013 1
Critique : Percy Jackson : la mer des monstres

Réalisateur : Thor Freudenthal
Acteurs : Logan Lerman, Brandon T. Jackson, Alexandra Daddario, Douglas Smith…
Genre : fourre-tout mythologique
Date de sortie française : 14 août 2013
Durée : 1h46
Classification : tout public

Avec son scénario prévisible et sa mise en scène flemmarde, ce nouveau volet des aventures de Percy Jackson s’annonce comme l’un des blockbusters oubliables de l’été.

Percy Jackson 2 afficheAdapté d’une série de livres populaire, le premier Percy Jackson (2010) était un film assez sympathique offrant une vision de la mythologie grecque à notre époque. Se prenant pour un Harry Potter du pauvre, ce long-métrage ne surfant à priori que sur la vague des romans de J.K. Rowling arrivait quelque peu à se démarquer par un humour séduisant, une naïveté bienvenue en période estivale et surtout le savoir-faire du réalisateur Chris Columbus, qui s’était déjà attelé aux deux premières aventures de l’apprenti sorcier. Toujours fils de Poséidon, Percy Jackson doit cette fois-ci récupérer la Toison d’or pour assurer la sécurité de son camp de vacances pour sang-mêlés. Il est encore une fois accompagné de son amie soi-disant fille d’Athéna (mais qui est conne comme ses pieds) et de son sidekick satyre, ainsi que de tout un tas de personnages secondaires tous plus insipides et tête-à-claques les uns que les autres. Mais si seulement il s’agissait du seul défaut de cet épisode…

De Charybde en Scylla !

Jouant pourtant de manière assez réjouissante sur les anachronismes en rapport avec la mythologie (le char de l’enfer remplacé par un taxi new-yorkais, le sac des Vents d’Éole changé en thermos, etc.),  Percy Jackson : la mer des monstres se présente avant tout comme un immense fourre-tout « whatthefuckesque » ! A toujours chercher à rajouter des éléments d’une culture riche, le film finit très rapidement par se perdre dans une narration cousue de fil blanc (ou d’Ariane, c’est selon !) et bourrée d’incohérences. Certes, on pourra tolérer qu’une bonne partie des procédés scénaristiques hollywoodiens descendent justement de cet héritage, mais le débordement de références oblige perpétuellement le cinéaste Thor Freudenthal à précipiter ses péripéties dont on finit par totalement se moquer, en plus d’avoir comme base un script affreusement mal écrit. Entre deux scènes d’action mollassonnes, le long-métrage nous offre donc une leçon aussi subtile que dans un porno sur la tolérance et l’importance de la famille par l’apparition d’un demi-frère cyclope, ainsi qu’un message tout aussi prévisible sur les choix de la vie à travers une prophétie qui semble perturber notre fils de Poséidon sur sa liberté. Là où le premier épisode s’attardait au moins quelque peu sur la recherche de personnalité en tant qu’adolescent, cette Mer des monstres préfère arborer ses protagonistes unidimensionnels supportés par des dialogues qui feraient presque passer Marc Lévy pour de la grande littérature.

Regardez comme nous jouons bien !

Regardez comme nous jouons bien !

Obligé de se limiter à un blockbuster rose bonbon pour ados qui cherchent à se reconnaître dans ces personnages (ceux-là ont vraiment une vie pourrie d’ailleurs !), on sent que Thor Freudenthal aurait aimé aller plus loin. Traitant d’une culture créée par l’Homme pour servir de croyance, le cinéaste tente de prouver à travers ce mélange que la mythologie grecque regorge de violence. Une violence certes cathartique (d’autant plus dans une œuvre cinématographique) mais qui avait tout de même une influence sur les êtres y croyant à l’époque. Sauf qu’ici, rien, pas une goutte de sang pour accentuer cette réflexion sur l’aveuglement religieux (légèrement mis en comparaison de la chrétienté) ! En réalité, Thor Freudenthal ne se soucie pas une seule seconde de son casting adolescent très peu convaincant. Les seules scènes arrivant à retrouver une certaine vergogne au milieu de cette ensemble soporifique sont gérés par des acteurs adultes et talentueux. D’un côté, celles avec Stanley Tucci, réjouissant en Dionysos maudit, et de l’autre, celle de Nathan Fillion (le héros de la série Castle) qui joue de son charisme naturel pour interpréter Hermès.

Vas-y, sois encore plus subtil avec ta référence !

Vas-y, sois encore plus subtil avec ta référence !

Avec aussi peu de possibilités de succès, on comprend alors bien vite pourquoi le réalisateur n’a pas cherché à faire d’efforts d’imagination dans sa mise en scène. Son histoire inintéressante pouvait au moins lui fournir une technique inspirée pour sublimer Scylla ou encore Cronos. Mais même ici, Freudenthal ne se contente que d’une mise en scène banale entrecoupée de plans putassiers pour appuyer sa 3D qui ne sert qu’à faire augmenter le prix du ticket. Percy Jackson : La mer des monstres est au final une déception d’autant plus grande qu’il aurait pu facilement s’élever au rang de son aîné : dispensable mais pas déplaisant. Au milieu d’une saison ayant vu apparaître de nombreux blockbusters « nolaniens » aux intentions louables de revenir à un certain sérieux, cette suite s’annonçait comme un simple divertissement fun et décomplexé centré pour un public jeune. Néanmoins, de par son scénario débile et son manque clair d’ambitions, ce Percy Jackson ne fait que cracher au visage des adolescents, qu’il prend pour des vaches à lait en leur envoyant à longueur de temps des plagiats de leurs films favoris (le Kraken de Pirates des Caraïbes 2, le Balrog du Seigneur des Anneaux, le Bandersnatch d’Alice au pays des merveilles et je passe celles tellement nombreuses sur Harry Potter). Il faut bien tous les étés un blockbuster raté et inoffensif, et cette Mer des monstres est certainement celui de 2013. On n’attendra probablement pas le numéro trois avec un épisode deux aussi mauvais, malgré son cliffhanger qui, comme tout le reste, tombe bien vite à l’eau. Il faut croire que l’industrie hollywoodienne a de l’ironie, pour ce pauvre fils du dieu de la mer !

Percy Jackson : la mer des monstres est donc bien le blockbuster le plus méprisable de cet été 2013. Un résultat assez catastrophique qui aurait largement pu être évité, quand on se souvient de la recette du premier volet. Mais quand même le réalisateur n’y croit pas, on peine à s’attendre à un miracle.

Bande-annonce de Percy Jackson : la mer des monstres

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