Critique : Pacific Rim

Antoine 18 juillet 2013 0
Critique : Pacific Rim

Réalisateur : Guillermo Del Toro
Acteurs : Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi, Charlie Day, Ron Perlman…
Genre : BRRRRRRRRRMMMMMMMVVVVVVVVVVVV PSPOOOOOOOUF !
Date de sortie française : 17 juillet 2013
Durée : 2h10
Classification : tout public

Des combats épiques entre robots et monstres géants, vous en rêviez ? Guillermo Del Toro l’a fait, et livre sans aucun doute le meilleur film de l’été.

Alors que la prophétie Maya annonçait la fin du monde le 21 décembre 2012, on dirait que le cinéma a décidé de la dépeindre en 2013. Entre l’apocalypse que nous promet Star Trek Into Darkness, la destruction massive de Metropolis dans Man of Steel et la pandémie de zombies à échelle mondiale de World War Z, Hollywood a autant perdu de sa créativité que de sa foi en l’être humain. Heureusement, au milieu de ce flot de franchises à succès que nous délivre la période estivale, certaines grosses productions arrivent à se démarquer grâce à un scénario original. Pacific Rim est de ceux-là. Avec le génial auteur qu’est Guillermo Del Toro (Blade 2, Le labyrinthe de Pan, Hellboy 1 et 2) derrière la caméra, le projet faisait certainement partie des plus attendus de l’année, et à juste titre.

Suite à une faille menant sur une autre dimension en plein milieu du Pacifique, d’énormes monstres, les Kaiju sont sortis des profondeurs pour annihiler l’humanité. Pour faire face, les gouvernements du monde entier ont investi dans des robots tout aussi géants, les Jaegers, contrôlés par deux pilotes.  Mais après plusieurs échecs contre les bêbêtes, le programme est fermé, obligeant le marshall Stacker Pentecost (Idris Elba) a formé une résistance avec le peu de Jaegers à sa disposition. Pour cela, il va rappeler à l’ordre Raleigh, un ancien pilote traumatisé par la perte de son frère (Charlie Hunnam) et Mako, une jeune femme douée mais inexpérimentée (Rinko Kikuchi) pour servir d’ultime rempart à l’être humain…

In your face Michael Bay !

Kikoo !

Kikoo !

Si Pacific Rim offre bien plus que le simple divertissement espéré, commençons par le point qui intéresse la majorité : l’action. Éternel enfant, on imagine bien Guillermo Del Toro petit en train de jouer avec ses robots et ses monstres en plastique. Car c’est bien ce qu’il fait ici, il joue ! Il joue avec ses créatures d’une absolue beauté, qu’il place dans une constante surenchère d’effets spéciaux sans jamais partir dans le too much (le passage dans l’espace notamment !). Il joue aussi avec sa mise en scène, offrant de longs plans aux multiples sources de lumières (les néons de Hong-Kong, les loupiotes et autres hologrammes au sein des Jaegers) pour ainsi sublimer ces colosses. Malgré la destruction massive offerte par les combats (qui reste d’ailleurs assez réaliste), chaque plan garde une lisibilité qui fait plaisir à la rétine, accentuée par les mouvements lents et puissants des combattants.

Si le film doit inévitablement être comparé à Transformers (avec lequel il n’a pourtant pas grand-chose en commun), Pacific Rim se présente comme un immense doigt d’honneur (un doigt d’honneur de Jaeger certainement !) aux travaux de Michael Bay, qui par sa volonté de vitesse perdait en gigantisme. L’adjectif badass n’est certainement pas assez fort pour qualifier le long-métrage de Guillermo Del Toro tant ce dernier procure une sensation de fun que l’on n’avait pas eu au cinéma depuis longtemps. On pensera à la bande-originale signée Ramin Djawadi qui mêle l’orchestre à la guitare électrique pour un rendu absolument épique, mais aussi à la 3D, qui prend également tout son sens ici en accentuant la profondeur de l’espace autour des monstres. Cependant, par son aura d’auteur, Del Toro parvient à surprendre encore plus quand, par un simple effet de montage ou par un mouvement de caméra, il arrive à revenir à l’humain, à toujours contraster le gigantisme au nanisme.

Le blockbuster ultime ?

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Un cerveau traumatisé, ça va. Deux, bonjour les dégâts !

De nombreuses personnes pourront critiquer Pacific Rim pour le classicisme de son scénario. En réalité, il fait sa force. En plus de continuellement rendre hommage aux kaiju eiga (les films de gros monstres japonais), Guillermo Del Toro cherche à revenir à l’époque des premiers blockbusters, l’époque de l’insouciance de jeunes réalisateurs talentueux. Il mêle ainsi à son film moult références, de Spielberg à Cameron en passant par Lucas. En fait, c’est surtout de ce dernier dont il s’inspire, puisqu’il a certainement lu Le Héros aux 1001 visages de Joseph Campbell. Cet ouvrage présente la thèse du monomythe, c’est-à-dire l’idée que toutes les histoires se basent sur des archétypes empruntés à diverses mythologies. George Lucas a revendiqué l’avoir utilisé pour sa saga Star Wars, et pour des raisons d’éthique et de morale, Hollywood a également usé jusqu’à la corde ces recherches dont de nombreux codes sont devenus obligatoires à tout bon film.

Pacific Rim assume donc totalement son aspect binaire et manichéen. Jaegers contre Kaiju, grands contre petits, mer contre ciel, nuit contre lumière, tout est affaire de dualité et d’équilibre. Del Toro prouve alors toute la maîtrise qu’il a sur son sujet. Par exemple, le traumatisme post-11 septembre obligatoire à ce genre de productions est présent, mais le réalisateur y préfère le message anti-nucléaire inhérent aux kaiju eiga (sorte de traumatisme pour le coup post-Hiroshima). En mélangeant Occident et Orient, Del Toro internationalise son film, mais apporte en plus une philosophie qui atteint son paroxysme dans la culture japonaise (principalement dans las arts martiaux) et que les blockbusters américains semblent oublier de plus en plus : le respect de l’autre. Néanmoins, au sein de ce brillant hommage, le cinéaste parvient à apporter ses propres idées, telle la « dérive », qui se traduit comme un pont neuronale entre les deux pilotes d’un Jaeger. Leurs souvenirs et leurs sentiments sont ainsi mis en commun. En plus du fait qu’il s’agit d’un excellent moyen pour raconter le passé des personnages (la séquence sur le traumatisme de Mako est très belle), ce procédé permet une réflexion intéressante sur le respect de la vie privée face à l’informatique. Et puis, le message donné est assez amusant pour un divertissement de cet acabit : la guerre se gagnera par l’esprit !

Ça, p'tit, ça s'appelle avoir une gueule !

Ça, p’tit, ça s’appelle avoir une gueule !

Pour finir, le casting de Pacific Rim reflète parfaitement la volonté de Guillermo Del Toro. Peu de stars, mais un enthousiasme et un nouveau souffle. Charlie Hunnam fait le job en livrant un héros permettant une simple identification. Idris Elba joue de son charisme naturel tout en gardant de la profondeur. Rinko Kikuchi impressionne et réjouit par son assurance. Charlie Day et Burn Gorman font quant à eux plutôt bien les sidekicks. Mais bien sûr, celui que l’on attend de pied ferme, c’est Ron Perlman. L’habitué de Del Toro se voit offrir un rôle juste parfait et hilarant de trafiquant d’organes de Kaiju aux pompes en or. Ce dernier résume d’ailleurs assez bien Pacific Rim : stylé, décomplexé mais loin d’être bête.

Au final, Pacific Rim dépasse de loin le simple fantasme de gosse. En plus de pouvoir se vanter d’avoir signé l’un des films les plus impressionnants et fun de ces dernières années, Guillermo Del Toro garde son aura d’auteur en rappelant les grosses productions hollywoodiennes avec lesquelles on a grandi. Pacific Rim est donc un brillant hommage au blockbuster. En fait, Pacific Rim définit le mot « blockbuster ».

Bande-annonce de Pacific Rim

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