Critique : Non-Stop (Liam Neeson, Julianne Moore)

Antoine 28 février 2014 0
Critique : Non-Stop (Liam Neeson, Julianne Moore)

Réalisateur : Jaume Collet-Serra
Acteurs : Liam Neeson, Julianne Moore, Scott McNairy, Michelle Dockery…
Genre : thriller à pathologie paranoïaque et claustrophobe
Date de sortie française : 26 février 2014
Nationalité : USA, France
Durée : 1h46
Classification : tout public

Liam Neeson est de retour en homme d’action piégé dans un avion. Attachez vos ceintures !

non stop afficheQu’il soit alcoolique, dépressif, amnésique, abandonné face à des loups, à la recherche de son enfant ou juste en rogne contre l’humanité, si Liam Neeson possède une arme, faut pas l’emmerder ! Tel pourrait être le résumé barbare de Non-Stop, énième production d’action avec Oskar Schindler en tête d’affiche, dont la carrière semble depuis quelques années suivre celle de Jason Statham (ou tout autre Expendable notable). Néanmoins, ce nouveau film est réalisé par Jaume Collet-Serra, avec qui Neeson avait déjà tourné la semi-réussite qu’est Sans Identité, un thriller d’espionnage post-Jason Bourne qui jouait plutôt subtilement des connivences entre l’espion et l’acteur. En somme, une jolie réflexion pour une star qui semblait alors en totale roue libre et qui se demandait certainement pourquoi de grands producteurs l’avaient transformés en action hero à la soixantaine (ou comme l’atteste son doublage récent de Gentil flic/Méhant Flic dans La Grande Aventure Lego). Non-Stop, dès son premier quart d’heure, répond à cette question, en assumant pleinement de se reposer sur les larges épaules de son acteur principal. La caméra ne le lâche jamais pour sublimer son incroyable présence, sa voix autoritaire et son regard bleu acéré avec supplément fronçage de sourcils. En bref, de quoi faire douter de sa propre virilité.

C’est l’histoire de Qui-Gon Jinn qui est dans un avion…

Un personnage sympa, mais trop peu présent.

Un personnage sympa, mais trop peu présent (Julianne Moore).

Cependant, Non-Stop dépend aussi de son concept alléchant. Alors qu’il est en plein vol, Bill Marks, agent de la police de l’air, reçoit des SMS d’un inconnu qui le menace de tuer un passager toutes les vingt minutes s’il ne reçoit pas 150 millions de dollars. De ce compte à rebours particulièrement inquiétant, le film évolue de suspicion en suspicion. Collet-Serra est suffisamment vicieux pour perdre son spectateur autant que son flic au passé trouble, qui finit lui-même par être soupçonné. Si le maniement du suspense se révèle assez virtuose, — entre dilatation et précipitation du temps — il n’en va pas de même pour l’écriture des personnages. D’un côté, on sourira face aux clichés assez éhontés que le film se permet (le médecin arabe à la barbe fournie) et de l’autre, on se désolera du sous-développement de certains protagonistes, à commencer par celui de Julianne Moore pour lequel elle donne pourtant toute son énergie.

En fait, c’est plutôt John McClane qui est dans un avion…

Collet-Serra n'a certes rien inventé, mais c'est joli !

Collet-Serra n’a certes rien inventé, mais c’est joli !

Mais soyons honnêtes, ces quelques facilités et autres invraisemblances deviennent presque invisibles au vu de l’angoisse provoquée par Non-Stop. La cohérence de l’ensemble tient surtout à la réalisation sans faille de Jaume Collet-Serra. Ses jeux de profondeur de champ et ses travellings archi-maîtrisés bourrés d’obstacles renforcent une sensation de claustrophobie que l’on était plus habitué à ressentir dans le cinéma d’action depuis John McTiernan. Il y a une volonté de combler le champ, d’étouffer le spectateur par la vision des SMS au premier plan ou encore par la masse indistincte des passagers prisonniers de leur siège, et donc du cadre. Bien entendu, le postulat du film le lie inévitablement au 11 septembre 2001 avec des réminiscences plus ou moins subtiles. Il faut néanmoins souligner un message pas si idiot par rapport à la sécurité aérienne depuis le tragique évènement et surtout sur la paranoïa américaine qui ne pourra jamais empêcher des drames de se produire. C’est là toute la réussite du long-métrage qui décrit malgré son action hero désormais reconnu l’impuissance de ce dernier. Le passé hante mais ne peut pas être modifié. Dommage qu’un film sur la mémoire ne parvienne pas vraiment à être mémorable, malgré ses bonnes idées. Il faut du moins reconnaître à Non-Stop de contribuer avec Flight de Robert Zemeckis à définitivement dégoûter de l’avion.

Stressant et formellement réussi, Non-Stop aurait pu être un grand thriller paranoïaque s’il avait évité ses quelques défauts d’écriture. Reste une mise en scène solide pour un divertissement qui repose pas mal sur ses acteurs, et tout particulièrement Liam Neeson.

Bande-annonce : Non-Stop

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