Critique : Les garçons et Guillaume, à table !

Antoine 30 novembre 2013 0
Critique : Les garçons et Guillaume, à table !

Réalisateur : Guillaume Gallienne
Acteurs : Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian, Nanou Garcia, Diane Kruger…
Genre : Tout le monde à table !
Date de sortie française : 20 novembre 2013
Nationalité : France
Durée : 1h25
Classification : tout public

Petite surprise du festival de Cannes, Guillaume Gallienne réalise un premier film virtuose, drôle et pétillant.

guillaume_les_garconsAprès le triomphe de Bienvenue chez les ch’tis et d’Intouchables, il semble que les succès cinématographiques en France ne se résument qu’à des comédies à base d’autobiographie ou d’histoire vraie (bien que le second soit largement plus respectable que le premier). On serait donc facilement tenté de rajouter Les garçons et Guillaume, à table ! à cette liste de par sa première semaine d’exploitation impressionnante (700 000 entrées) et son aspect nombriliste. Néanmoins, peut-on considérer que Charlie Chaplin était mégalo simplement parce qu’il était crédité de nombreuses fois dans ces génériques ? La réponse est bien entendu non et je ne vois donc pas de raison de proclamer ce genre de propos envers Guillaume Gallienne. Certes, son premier film retrace sa vie mais le résident de la Comédie Française a heureusement de l’autodérision et surtout une réflexion, qui permettent au récit de son existence de dépasser dès les premières minutes la simple et glorieuse biographie.

« Les excès dans la vie sexuelle sont un signe de dégénérescence bourgeoise. » (Lénine)

"We are the champions !"

« We are the champions ! »

Au milieu de sa famille de bourgeois, Guillaume adule sa mère qui le prend pour la fille qu’elle n’a jamais eue. Efféminé et ne sachant pas s’orienter sexuellement, le petit dernier subit des préjugés qui semblent logiques, inévitables. Tout le monde pense qu’il est homosexuel, donc il doit forcément l’être. La force du film réside justement dans son sujet épineux, osé même en cette période où l’expression « mariage pour tous » fait fureur tout en étant critiqué par certains. Mais Guillaume Gallienne se moque bien des beaufs conservateurs qui ne seraient pas intéressés par son long-métrage et évite dès lors les écueils habituels de la comédie franchouillarde. L’acteur/cinéaste ne tourne pas autour du pot et use de son passé pour poser un argumentaire implacable sur la liberté sexuelle (et surtout sur le bien-être individuel). Les espagnols, les anglais, les allemands, les arabes, les psychologues, tout le monde en prend gentiment pour son grade, offrant une galerie de personnages hauts en couleurs (mention spéciale à Diane Kruger en kiné bavaroise) où chacun se retrouve rangé dans sa petite case à préjugés que Gallienne ne rend alors que plus ridicules.

« Mama ooooo, didn’t mean to make you cry » (Queen)

"En même temps tu as toujours eu peur des chevaux."

« En même temps tu as toujours eu peur des chevaux. »

La quête d’identité de son auteur prend d’autant plus de sens qu’elle est magnifiée par le talent d’acteur de Guillaume Gallienne. Rendant hommage aux femmes, il campe en plus de son rôle sa mère à la perfection. Outre le plaisir du travestissement et des effets spéciaux relativement impressionnants pour un film français, le long-métrage décrit comme rarement les joies du métier d’acteur. Bien qu’un peu maniérée parfois, la mise en scène utilise de façon pertinente les jeux de la schizophrénie, aussi bien par le montage parallèle de la scène et de l’histoire racontée par le personnage que par les champs contre-champs qui ne relèvent pas de l’habituelle flemmardise de réalisation. Cette polyvalence se ressent ainsi dans l’humour. Si ce dernier se révèle avant tout verbal (notamment durant les entretiens hilarants avec les psychologues), Guillaume Gallienne réveille un comique burlesque efficace contribuant au traitement léger d’un sujet grave. Les gags visuels (la séance de massage) se mêlent aux quiproquos et aux questions de regards. C’est d’ailleurs à ce moment que l’on se rend compte de la puissance des Garçons…, qui entre directement dans la courte liste des œuvres qui montrent enfin que la différence, comme le ridicule, ne tue pas. Cette expression que l’on apprend dès l’enfance semble résonner dans la tête de ce cher Guillaume Gallienne qui signe ici une bien belle comédie universelle et intemporelle comme on en voit trop peu ; un film adulte réalisé par un éternel enfant.

On ne l’attendait pas forcément au tournent mais force et de constater que Guillaume Gallienne a bien fait d’adapter son one-man show. Les garçons… est un petit bijou d’intelligence et d’humour traitant avec simplicité d’un sujet pourtant ardu. L’une des plus belles bouffées d’air frais de l’année.

Bande-annonce de Les garçons et Guillaume, à table !

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