Critique : La Stratégie Ender

Antoine 11 novembre 2013 0
Critique : La Stratégie Ender

Réalisateur : Gavin Hood
Acteurs : Asa Butterfield, Harrison Ford, Ben Kingsley, Hailee Steinfield…
Genre : Hunger Games dans l’Espace
Date de sortie française : 6 novembre 2013
Nationalité : USA
Durée : 1h54
Classification : tout public

Dans le futur, nous utiliserons des enfants-soldats. Sujet à polémique ? Pas tant que ça chez Gavin Hood…

affiche-la-strategie-ender20131012173310Si Gavin Hood fait partie des réalisateurs les plus détestés d’Hollywood après l’immondice X-Men Origins : Wolverine, il faut avouer que la machine à rêves lui refourgue toujours les sujets les plus casse-gueule, auxquels on peut désormais ajouter le best-seller du controversé Orson Scott Card. Traitant de l’utilisation d’enfants-soldats durant une guerre contre des extraterrestres insectoïdes, La Stratégie Ender ne semble pas adapté pour un blockbuster grand public. Certes, les moyens assez importants offerts au cinéaste lui permettent des effets spéciaux réussis au service d’un design élégant (bien que repompé sur des œuvres de SF déjà existantes). Sa mise en scène sobre corrige également ses précédentes horreurs, parvenant même à avoir quelques idées avec des miroirs et l’Espace (bien que le film sorte malheureusement quelques semaines après Gravity). En bref, il n’y a pas grand-chose à redire sur la forme. Sur le fond, en revanche…

« Tu es l’Elu, Néo… »

Bon, c'est pas le sergent Hartman, mais c'est quand même Harrison Ford !

Bon, ce n’est pas le sergent Hartman, mais c’est quand même Harrison Ford !

Effectivement, La Stratégie Ender souffre du syndrome du blockbuster moderne qui mise principalement sur une technique tape-à-l’œil et un centrage pour un public particulier afin d’assurer des entrées. Ici, les adolescents sont bien entendu la cible des studios, passant par la classique quête d’identité sur fond d’être unique et autres messages « bullshits » que l’on n’ose plus traiter depuis Twilight. Le principal problème du long-métrage vient justement de cette identification putassière du spectateur prépubère. Là où les enfants du livre étaient extrêmement matures en n’ayant que six ans, ceux du film (qui en ont environ quatorze) étonnent par leur bêtise. Justifiant que les jeunes retiennent plus facilement un certain apprentissage que les adultes, on ne peut pas voir d’autres raisons pour que la survie de l’humanité dépende d’abrutis aux querelles aussi puériles que celles entre Abdellatif Kechiche et Léa Seydoux. Gavin Hood tente néanmoins comme il peut de questionner à propos de l’éthique de cet acte guerrier, message majoritairement porté par la prestation impressionnante de Asa Butterfield, alternant endurcissement et fragilité.

Plus d’action que de stratégie.

"On est trop vieux pour ces conneries, tu comprends ?"

« On est trop vieux pour ces conneries, tu comprends ? »

Cependant, la richesse du matériau de base déséquilibre perpétuellement La Stratégie Ender. Privilégiant naturellement les scènes d’action (dont quelques unes sympathiques dans un simulateur de zéro-G), le film expédie certains évènements qui auraient nécessité plus de contemplation ou de difficulté pour les personnages. Cela n’empêche pas pourtant quelques longueurs et Hood n’a ainsi jamais le temps de pousser sa réflexion, au point que sa morale puisse paraître parfois douteuse. Un accident dramatique semble sans importance, l’esprit de compétition qu’Ender essaie d’empêcher finit par triompher et l’interrogation pertinente sur le bien-fondé de la guerre contre les Doryphores manque de subtilité. Même la figure du caporal Graff (plaisant Harrison Ford) demeure au final trop unidimensionnel. Face à ce semi-néant scénaristique, l’équipe tente de mieux faire passer la pilule en rajoutant en milieu de film une autre tête d’affiche, Ben Kingsley, qui a décidé cette fois-ci de se prendre pour Mike Tyson !

Des airs de Starcraft… et de GTA !

"Quand on l'attaque, L'Empire contre-attaque."

« Quand on l’attaque, L’Empire contre-attaque. »

La Stratégie Ender passionne donc quand il parvient (trop rarement) à s’affranchir de son aspect divertissant pour accentuer son concept cruel. Le problème, c’est qu’il en devient presque ludique la majorité du temps. Avec son manque d’ambitions, le film n’atteint pas le niveau visionnaire du roman. Cependant, il parvient à faire évoluer une idée : le traitement des mondes virtuels. Face aux simulations et à son jeu vidéo avec une souris, Ender prouve qu’il ne réagirait pas de la même manière que dans la réalité. Hood semble être l’un des premiers cinéastes avec Zack Snyder à comprendre la catharsis dans les jeux vidéo (comme dans tous les autres arts d’ailleurs). Certes, cela est trop maigre pour sauver cette adaptation, mais on peut au moins espérer que d’autres réalisateurs plus talentueux que Gavin Hood parviendront à réexploiter cette vision des écrans…

Sans être une catastrophe, La Stratégie Ender déçoit par son adaptation trop édulcorée du roman d’origine. Les prestations d’Harrison Ford et de Asa Butterfield sauvent quelque peu la mise mais on ne pourra pas s’empêcher de râler face à des personnages idiots et de grosses facilités scénaristiques pour caresser l’adolescent dans le sens du poil.

Bande-annonce de La Stratégie Ender

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