Critique : La Grande Aventure Lego

Antoine 24 février 2014 0
Critique : La Grande Aventure Lego

Réalisateurs : Phil Lord, Chris Miller
Avec (en VO) : Chris Patt, Will Ferrell, Elizabeth Banks, Will Arnett, Morgan Freeman, Liam Neeson…
Genre : Pop-corn pop-art
Date de sortie française : 19 février 2014
Nationalité : USA, Australie
Durée : 1h40
Classification : tout public

Les petites briques danoises envahissent le grand écran pour un bijou d’humour et de créativité. Culte en devenir !

la-grande-aventure-lego-afficheAvec son postulat d’adaptation autour d’une célèbre marque de jouets, La Grande Aventure Lego semblait bien partie pour rejoindre les bas-fonds de la médiocrité atteints par les Transformers et autres Battleship de chez Hasbro. On pouvait néanmoins espérer de la part de Phil Lord et Chris Miller (Tempête de boulettes géantes, 21 Jump Street) une certaine inventivité. Cette dernière se ressent dès les premières minutes avec une mise en scène vive et dynamique, habile mélange entre l’image de synthèse et le stop-motion utilisant de vraies briques et figurines, en hommage aux milliers de films amateurs que l’on peut trouver sur Internet. Une fois nos yeux habitués à la beauté des plans d’ensemble et à la chorégraphie des travellings, le film nous fait découvrir Brickburg, une métropole modèle dans laquelle vit Emmet, un ouvrier de chantier lambda. Et c’est dès cette présentation que le long-métrage perd son statut de pub géante.

Everything is awesome !

On vit pour construire à Brickburg... selon les instructions.

On vit pour construire à Brickburg… selon les instructions.

En effet, la société de briques colorées a bien vite des relents orwelliens. Chaque citoyen suit son guide d’instructions de vie dans une joie artificielle renforcée par une sitcom ne jouant que sur une seule blague ou encore une chanson abrutissante passée en boucle à longueur de journée. Tout est fait pour détourner l’attention des plans du Président Business, qui a mis la main sur une arme surpuissante capable d’anéantir les différents mondes Lego. Emmet découvre alors la réalité de son univers quand il est pris par erreur pour le Spécial, un être exceptionnel qui, selon une prophétie, est capable d’arrêter le dangereux dictateur. Étonnamment adulte, cette base de l’intrigue joue sur les manipulations du capitalisme. Une bien belle manière pour Lord et Miller de reprendre le contrôle de cette commande et de délaisser son aspect mercantile, afin de devenir gentiment subversifs.

Le rire jaune.

Il y a même Batman !

Il y a même Batman !

Les deux cinéastes ont compris quel point de vue prendre pour que leur film devienne une véritable œuvre d’art : le Lego n’est pas qu’un simple jouet, mais une icône du pop-art et de la pop-culture. Au sein d’un récit mené tambour battant, c’est autant de vannes et de références qui fusent à chaque plan pour ne jamais laisser inactives les zygomatiques du spectateur, qu’il soit petit ou grand. Le long-métrage puise d’ailleurs sa force dans une universalité de ton qui touchera tous les publics, une universalité de ton dont seul le dieu Pixar semblait détenir le secret (rien que ça). On se réjouit alors de voir se croiser Gandalf et Superman avec les Tortues Ninja, Abraham Lincoln avec Michel-Ange ou encore les joueurs de la NBA avec Dumbledore. Cependant, ce méga-crossover-de-la-mort n’est pas qu’un simple pot-pourri culturel, c’est une analyse quasi-psychanalytique de l’écriture du parcours héroïque, comme si Lord et Miller avaient décidé d’expliquer les thèses de Joseph Campbell par le prisme jouissif de la parodie.

Briques à brac.

Sortez-moi de ce doux rêve !

Sortez-moi de ce doux rêve !

Car aussi divertissant soit-il, La Grande Aventure Lego est aussi un film cérébral dans les deux sens du terme, puisqu’il se déroule dans la tête d’un enfant tout en faisant réfléchir. Son aspect touchant réside dans cette mise en image d’un archétype de fantasme de gosse, où chaque péripétie, chaque course-poursuite brillamment réalisée trouve son twist pour mener à une surenchère que l’on croirait sans fin. On a au fond tous rêver de voir Batman (hilarant à chaque apparition) croiser un mécha-pirate dans une cité nuageuse. On a tous rêver de se battre à coups de vaisseaux spatiaux aux côtés d’un train du Far-West passant un pont au dessus d’un canyon. On a tous rêver de voir notre imagination reconnue par autrui, de voir son chaos illogique prendre sens aux yeux des autres. Personne ne s’étonnera donc de lâcher sa petite larme durant les dernières minutes et de repartir de la salle de cinéma le sourire jusqu’aux oreilles avec la satisfaction d’avoir partager une magnifique expérience avec ses enfants. Phil Lord et Chris Miller convoquent donc avant tout le plaisir d’un film d’animation incroyablement créatif comme on en voit trop peu. En délaissant le nom de la marque Lego pour livrer plus généralement une ode à l’imagination, ils livrent sans nul doute la plus belle des publicités.

La Grande Aventure Lego est LA surprise de ce début d’année, un film qui va bien au-delà de son ambition marketing pour offrir un magnifique trip imaginatif au rythme effréné. En plus d’émerveiller tous les publics, Phil Lord et Chris Miller mettent au tapis de nombreux blockbusters récents avec leur mise en scène irréprochable et efficace. Il suffit maintenant de se laisser mettre K.O. par autant de génie, dont il faut avouer qu’on ne s’attendait pas à ce qu’il casse autant de briques.

Bande-annonce : La Grande Aventure Lego

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