CRITIQUE DVD : WE ARE WHAT WE ARE

Vince 8 septembre 2014 0
CRITIQUE DVD : WE ARE WHAT WE ARE

Réalisateur : Jim Mickle
Acteurs : Bill Sage, Ambyr Childers, Julia Garner…
Genre : Epouvante-horreur
Date de sortie française : 3 septembre 2014 (DVD)
Nationalité : USA
Durée : 1h45

Synopsis : Les Parker, sont connus dans le village pour leur grande discrétion. Derrière les portes closes de leur maison, le patriarche, Frank, dirige sa famille avec rigueur et fermeté. Après le décès brutal de leur mère, Iris et Rose, les deux adolescentes Parker, vont devoir s’occuper de leur jeune frère Rory. Elles se retrouvent avec de nouvelles responsabilités et n’ont d’autre choix que de s’y soumettre, sous l’autorité écrasante de leur père, déterminé à perpétuer une coutume ancestrale à tout prix. Une tempête torrentielle s’abat sur la région, les fleuves débordent. Les autorités locales commencent à découvrir des indices qui les rapprochent du terrible secret des Parker… 

Après les remarqués Mulberry Street et Stake Land, ce fut au tour de We are what we are, troisième long-métrage de l’américain Jim Mickle de faire le tour des festivals. Après avoir divisé les spectateurs aux festivals de Sundance, Deauville et Gerardmer, ce n’est que cette semaine que le film débarque en DVD dans l’hexagone. Retour sur un film bancal mais attachant.

family business

We-Are-What-We-Are-PosterRemake du film d’horreur mexicain Ne nous jugez pas tourné trois ans plus tôt (sorti aussi cette semaine en DVD chez nous), We are what we are propose une relecture intelligente de son modèle en investissant la thématique de la religion et sa place dans une famille américaine. Malgré un point de vue intéressant, Jim Mickle s’embourbe parfois dans de nombreux poncifs, notamment quelques flash-backs dispensables. Persuadé d’avoir quelque chose de brillant à nous raconter, le jeune metteur en scène délaisse souvent l’émotion et ses personnages au profit de verbiages fatigants. Cependant, une émotion sincère émane de cette famille, et plus particulièrement des personnages des enfants, deux sœurs et leur petit frère écrasés sous le poids de la figure paternelle. On aurait voulu en savoir plus sur ces personnages, mais Mickle établit un lien émotionnel touchant avec le spectateur, contraint de s’identifier à deux adolescentes victimes des interdits religieux et de l’isolement familial. Parfois pesante et pas toujours passionnante, cette énième histoire de cannibalisme réussit néanmoins à décrocher quelques jaillissements horrifiques assez réjouissants que John Carpenter n’aurait pas renié.

la grande bouffe

Car oui, si Jim Mickle empèse son film d’une critique lourdingue des coutumes religieuses, il reste toutefois un jeune réalisateur prometteur qui confirme avec ce troisième long-métrage son sens certain de la mise en scène. Avec trois fois rien, le réalisateur américain parvient à créer une ambiance malsaine et oppressante en optant pour une réalisation sobre et un rythme lent, quitte à paraître soporifique pour certains. Malgré un scénario paresseux, quelques éclairs de mise en scène viennent traverser le récit, notamment quand il verse dans le thriller sec et désenchanté. Si We are what we are se veut principalement film d’auteur lancinant et sensuel, on sent une véritable volonté chez Mickle de revenir à un cinéma de genre artisanal, brutal et sans compromis. La scène finale, d’une rare sauvagerie (tétanisante pour certains, grotesque pour d’autres), tranche avec le parti pris visuel de Mickle, tout dans la retenue et le hors-champ. Fable crépusculaire et mélancolique dans une Amérique étouffée par ses traditions, ce remake n’en reste pas moins un pur film d’horreur viscéral et dérangeant.

À mi-chemin entre le film d’auteur contemplatif et la série B qui tâche, We are what we are est au final une œuvre perfectible et maladroite mais souvent belle. Jim Mickle est assurément l’un des réalisateurs estampillés « horreur » les plus intéressants de sa génération. C’est donc avec impatience que l’on attend Cold in July (actuellement en compétition au festival de Deauville), son quatrième long-métrage qui sortira dans nos salles le 31 décembre prochain.

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