Critique : Dragons 2

Antoine 4 juillet 2014 0
Critique : Dragons 2

Réalisateur : Dean DeBlois
Avec les voix (en VO) de : Jay Baruchel, Cate Blanchett, Gerard Butler, Craig Ferguson…
Genre : Berk contre-attaque
Date de sortie française : 2 juillet 2014
Nationalité : USA
Durée : 1h43
Classification : tout public

Harold et Krokmou sont de retour pour un suite émouvante, épique et de toute beauté. Du grand divertissement.

dragons-2-afficheAprès une enfance difficile passée dans l’ombre de Pixar, malgré quelques fulgurances (les deux premiers Shrek, Madagascar), DreamWorks a réussi à atteindre l’adolescence en 2010 avec la sortie du premier Dragons, bijou technique reprenant intelligemment le thème de la quête initiatrice, dans un univers de vikings et de reptiles à première vue peu accueillant (à première vue seulement). Depuis, quatre ans ont passé pour que nous puissions enfin voir une suite, sans doute par volonté de la firme de préserver sa poule aux œufs d’or des sequels bâclés et peu inspirés dont a souffert leur cher ogre vert. Ce choix réfléchi serait-il un signe de maturité, alors que DreamWorks souffle cette année ses vingt bougies ? Ce qui est sûr, c’est que cette thématique touche aussi bien Harold, le personnage principal, que le studio lui-même. En effet, le jeune et talentueux dresseur de dragons doit dans ce nouveau volet commencer à faire face aux responsabilités de la vie d’adulte, tandis qu’il préfère conserver le plaisir innocent de jouer les pionniers sur le dos de Krokmou, son dragon de l’espèce rare des « furies nocturnes ».

20 ans, et en quête de maturité.

Les responsabilités de la vie d'adulte inquiètent Harold.

Les responsabilités de la vie d’adulte inquiètent Harold.

En voyant Dragons 2, il est clair que DreamWorks a retenu la leçon de Pixar avec la trilogie Toy Story, choisissant de faire grandir ses personnages en même temps que son public, afin de leur créer à chaque film de nouveaux enjeux. Les bonnes bases du premier volet permettent ici de développer la relation parfois compliquée entre Harold et son père, Stoïc, le chef de Berk. En réalité, le long-métrage repose exclusivement sur l’importance des proches durant l’adolescence, et sur l’aura qu’ils apportent à une personne. Des couples naissent, d’autres essaient, et d’autres se confirment, à l’instar de la cohésion touchante entre Harold et Krokmou, qui se traduit par des séquences de vols vertigineuses, véritables ballets aériens à la chorégraphie et au cadrage virtuoses. Néanmoins, tout n’est pas toujours rose, et la sincérité du film (une grande qualité à l’heure des divertissements parfois cyniques) provient surtout de celle des émotions des protagonistes. Harold a des doutes et de l’amertume, que ce soit envers sa mère disparue (bien que ce soit temporaire) ou même envers son destrier, lors d’une scène où il explique la perte de sa jambe à la fin du premier volet.

Manège aérien.

Grand, petit.

Grand, petit.

La réussite du long-métrage, comme pour son prédécesseur d’ailleurs, est due au sérieux avec lequel est traité le sujet. Ce que raconte Dragons 2, c’est tout simplement que le monde n’est pas aussi manichéen qu’on peut le penser. Une belle manière de s’émanciper de l’image trop gentillette dont peut souffrir le cinéma d’animation, et d’amener une dramatisation parfois convenue, mais qui fait souvent mouche. La justesse de ton facilite alors l’identification du spectateur à cet univers chatoyant pourtant bien éloigné de notre réalité. Évidemment, l’humour et la parodie sont toujours de mise et trouvent un bel équilibre avec les lourds défis auxquels Harold doit faire face. Dans ce domaine, les mimiques craquantes de Krokmou suffisent à elles seules à faire fondre le plus dur des cœurs de pierre. Les rires et les larmes se mêlent comme trop rarement devant un divertissement de cet acabit, faisant de Dragons 2 un roller coaster émotionnel, mais aussi technique. Épaulé par une animation aux textures de plus en plus photoréalistes et par l’une des meilleures 3D à ce jour, le film délivre une dimension épique qui n’est pas sans rappeler Le Seigneur des Anneaux, avec sa caméra mouvante, parfois posée sur le dos des dragons pour que nous puissions profiter du voyage. Tout est hyperbolé pour devenir encore plus impressionnant, qu’il s’agisse du mouvement ou des contrastes de taille, qui opposent la petitesse des êtres à la grandeur des champs de bataille et au gigantisme de certaines bestioles.

300 (dragons).

On s'attache aisément aux personnages.

On s’attache aisément aux personnages.

Le plus fort, c’est que la narration menée tambour battant n’oublie jamais d’enrichir son univers. Il est alors d’autant plus dommage de percevoir quelques maladresses et facilités d’écriture. On retiendra principalement l’emploi d’un méchant sous-exploité et coiffé comme Yannick Noah, qui devient presque un antagoniste forcé alors qu’Harold a déjà bien à faire avec ses confrontations intérieures. Son traitement final ne reflète même pas la maturité que semble avoir atteinte DreamWorks et son protagoniste principal, replongeant dans un manichéisme trop visible qui aurait pu être évité. Mais, à l’image des habitants de Berk, on a presque envie de s’en moquer, et de se réjouir d’avoir assisté à un bon moment de cinéma grand public, alchimie majestueuse entre la simplicité de l’attachement à des personnages et la complexité de l’animation. C’est peut-être cette opposition, le signe d’un grand divertissement.

Malgré quelques défauts mineurs, Dragons 2 est une suite tellement maîtrisée qu’elle parvient à atteindre sans peine le niveau de son aîné. Irréprochable sur le plan technique et sincère envers ses intentions, il s’agit sans peine d’un des meilleurs blockbusters familiales de cet été. Incontournable.

Bande-annonce : Dragons 2

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