Critique : Black Storm

Antoine 15 août 2014 0
Critique : Black Storm

Réalisateur : Steven Quale
Acteurs : Richard Armitage, Sarah Wayne Callies, Matt Walsh, Max Deacon…
Genre : Twister 2.0
Date de sortie française : 13 août 2014
Nationalité : USA
Durée : 1h29
Classification : tout public

Flemmard et ridicule, un film de tornades qui tourne bien vite en rond.

black-storm-afficheOn sait depuis longtemps que les films catastrophes, par les impressionnants sinistres qu’ils décrivent, sont avant tout faits pour rassasier un public en manque de sensations fortes. Pour se distinguer, il est donc aujourd’hui indispensable de rendre son long-métrage plus immersif que celui du voisin. Alors certes, l’idée n’est pas si originale, mais montrer les ravages de tornades par le prisme du found-footage pouvait permettre à Black Storm de se faire un nom dans un genre qui, depuis Cloverfield en 2008, manque cruellement de renouveau. Le problème, c’est que le procédé importe peu au réalisateur Steven Quale (superviseur, entre autres, des effets spéciaux d’Avatar) et à son scénariste John Swetman. En résulte une mise en scène tellement concentrée sur le cataclysme qu’elle a à filmer qu’elle en oublie (parfois) de réfléchir aux placements de ses caméras. L’outil narratif devant accentuer l’implication du spectateur en vient dès lors à faire l’inverse, à nous sortir du film par ses incohérences de réalisation.

Meteorological Activity.

YOLO la tornade !

YOLO la tornade !

En fait, Black Storm est réellement exaspérant car ses quelques bonnes idées pour faire monter la sève retombent constamment à plat, la faute à un je-m’en-foutisme qui, à l’inverse des intentions soulignées dans le titre original (Into the Storm, « Au cœur de la tempête »), nous détourne du grand frisson que l’on devrait ressentir. Entre un chasseur d’orages obnubilé par son travail, une météorologue humaine mais un peu tarte, un ado amoureux de la bombe du lycée et le père de ce dernier, avec qui il est en froid, aucun personnage n’est là pour rattraper l’autre. Les développements sont laborieux et artificiels, tandis que les dialogues amoncèlent des clichés d’écriture nanardesques, bien loin du naturalisme voulu pour un « faux documentaire ». Pire encore, ils contribuent, par leur standardisation et leur propos, à rendre gloire à l’Américain moyen et tout-puissant. Là est sans doute le plus gros tort du film : il assure la suprématie de l’homme dans un type de productions voulant habituellement lui rappeler une certaine humilité face à Dame Nature. Comme on peut donc s’y attendre, seuls les protagonistes qui ont mal agit se retrouvent punis, renvoyant les tornades à des anges de la mort justifiés par une narration puritaine. Ce ne sont plus elles qui se rapprochent de nous, mais l’écran qui s’éloigne au fur et à mesure que Quale nous perd dans son expérience.

Que peut-on faire pour un million de vues ?

Une tornade de feu. Oui oui, vous avez bien vu.

Une tornade de feu. Oui oui, vous avez bien vu.

Mais surtout, ce manque clair de substance désamorce la gravité que voudrait se donner le long-métrage, venant paradoxalement à donner raison à deux pochtrons débiles ayant trop vu Jackass. Ce que veulent avant tout les personnages, c’est informer, et ainsi défier la Nature en filmant du jamais vu, quitte à y laisser leur peau. Le seul élément intéressant que voudrait souligner Black Storm, c’est la façon dont l’homme se sent facilement pionnier et puissant à l’heure de Youtube et de la démocratisation du format vidéo. Sauf que cette illustration apportée par deux idiots antipathiques qui se marrent en voyant des arbres se déraciner et des maisons voler en éclats ne sert pas le propos. Traiter l’idée sur le plan de l’absurde aurait pu être une bonne chose, encore aurait-il fallu que le long-métrage ne se prenne pas tant au sérieux. Car, soyons tout de même honnêtes, Black Storm offre une poignée de scènes assez flippantes, soutenues par des effets spéciaux réussis et un étirement du temps durant les assauts de tornades qui confère à l’efficacité du suspense. Malheureusement, il faudra expliquer à Steven Quale que donner toute sa concentration sur ce qui fait le cœur de son film ne suffit pas. Ce gâchis est d’autant plus énervant que le cinéaste avait tous les ingrédients pour faire un divertissement de qualité au sein du festival des blockbusters de l’été, tout en étant plus humble que les nombreux tentpoles de cette période. Mais visiblement, l’humilité est un mot compliqué pour les Américains.

Black Storm s’annonce déjà comme l’une des plus grosses bouses américaines de cet été, malgré son concept de base assez alléchant et la beauté de ses effets numériques. Sérieusement, pour du divertissement fun et intelligent, allez plutôt voir Les Gardiens de la Galaxie.

Bande-annonce : Black Storm

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