Critique : Au bonheur des ogres

Antoine 22 octobre 2013 0
Critique : Au bonheur des ogres

Réalisateur : Nicolas Bary
Acteurs : Raphaël Personnaz, Bérénice Béjo, Guillaume De Tonquédec, Emir Kusturica…
Genre : Conte parisien
Date de sortie française : 16 octobre 2013
Nationalité : France
Durée : 1h32
Classification : tout public

Adapter Daniel Pennac, c’est casse-gueule. Mais avec un tel enthousiasme, on se laisse charmer.

VIDEO-–-Raphaël-Personnaz-Bérénice-Béjo-dans-Au-bonheur-des-ogresAvec des budgets assez conséquents, le cinéma français s’amuse depuis quelques temps à adapter ses écrivains atypiques. Après L’écume des jours de Boris Vian, c’est au tour d’Au bonheur des ogres de Daniel Pennac de passer à la moulinette d’un réalisateur tout aussi atypique : Nicolas Bary. Si ses Enfants de Timpelbach restaient gentillets, il est indéniable que le bonhomme possède une véritable patte visuelle. Un peu à la manière de Michel Gondry, on est alors heureux de voir les aventures de Benjamin Malaussène retranscrites dans leur sens littéral. Ce dernier, responsable d’une immense fratrie, travaille dans un grand magasin parisien en tant que bouc-émissaire, se faisant disputer auprès des clients mécontents pour ainsi éviter qu’ils ne portent plainte. Si l’appréhension guette le mordu de Pennac, force est de constater que la loufoquerie et l’enchantement de son univers fonctionnent ici très bien.

La traversée (d’un magasin) de Paris

Entre MacGyver et Hitchcock, choisissez vos références !

Entre MacGyver et Hitchcock, choisissez vos références !

Magnifiant les néons et les lumières de la Samaritaine, Nicolas Bary nous plonge alors dès le générique dans une forme d’excitation capitaliste volontaire. Avec ses personnages étranges et leurs méthodes parfois peu orthodoxes, on découvre le magasin à la manière des jouets d’Andy dans Toy Story 2. Naviguant entre les rayons, Benjamin (excellent Raphaël Personnaz, avec son air de Peter Pan ahuri) se voit suspecter des différentes explosions qui ont causé la mort d’employés. Aidé par une journaliste baptisée Tante Julia (réjouissante Bérénice Béjo), ils découvrent un lien avec une affaire de disparitions d’enfants datant d’il y a vingt ans. Comme dans le livre originel, la polyvalence de Bary lui permet de mélanger les genres, du policier à la pure comédie. Les moyens mis en œuvre prouvent également ses talents de metteur en scène, alternant symboliques fortes dans les cadres, pur esthétisme et efficacité de l’action. Néanmoins, la recherche de succès populaire a son revers de médaille : l’enquête ne devient qu’un prétexte à l’avancée de l’histoire, dévoilant les failles de certains personnages mais oubliant totalement de traiter en profondeur l’aspect sombre du livre. Les hors-champ et la pudeur rendent la critique sociétal trop légère, ne laissant place qu’à la bonne humeur.

Au bonheur des acteurs

On fait un trio de choc, non ?

On fait un trio de choc, non ?

Néanmoins, sur cet aspect, Nicolas Bary est roi. Ne serait-ce qu’avec le enfants, il s’est déjà révélé être un excellent directeur d’acteurs, et a pleinement conscience de l’importance d’un bon jeu pour des protagonistes aussi originaux. De Guillaume de Tonquédec à Emir Kusturica en passant par Marius Yelolo (qui ne se lasse pas des rôles de flic), chacun s’amuse et l’enthousiasme ne tarde pas à devenir communicatif. Sans atteindre la poésie d’un Jean-Pierre Jeunet (dont le dernier film est un peu en concurrence), Bary use intelligemment de ses moyens et de son casting pour livrer une comédie réjouissante comme on en voit trop peu en France. Certes, on reprochera quelques baisses de rythme et quelques imperfections par rapport au roman de Daniel Pennac, mais Au bonheur des ogres reste une séance agréable dont vous repartirez avec le sourire. C’est déjà pas mal…

Doté de moyens assez importants et d’un casting exemplaire, Au bonheur des ogres enchante par sa technique et son envie de bien faire. Cela ne lui empêche pas d’avoir quelques défauts, mais avec Nicolas Bary à la barre, Daniel Pennac ne pouvait pas rêver meilleure adaptation de son univers.

Bande-annonce de Au bonheur des ogres

Tu as aimé l'article ? Rejoins-nous sur Facebook et Twitter !

Laissez un commentaire »