Critique : John Wick

Mathieu 2 novembre 2014 0
Critique : John Wick

Réalisateurs : David Leitch, Chad Stahelski
Acteurs : Keanu Reeves, Michael Nyqvist, Willem Dafoe
Genre : Action
Sortie française : 29 octobre 2014
Pays de production : USA
Durée : 1h41
Restrictions : Pour + 12 ans

Pour son retour dans l’univers du film d’action gavé de bourre-pifs et de chevrotines, Keanu Reeves se fait diriger par celui qui fut à l’époque dans son ombre : Chad Stahelski, son ancienne doublure sur des films à succès tels que Point Break, Matrix ou Constantine. Associé avec une autre gloire de la cascade, David Leigh, l’ancienne doublure nous livre un film noir et violent sur l’univers des tueurs à gages. Vous vous attendiez tout de même pas que deux anciens cascadeurs nous proposent un film sur l’invention du Globiboulga tout de même ?

John Wick : synopsis d’une vengeance sans état d’âme

John Wick a tout du mec sympa, discret et sans emmerdes. Homme simple, probablement que non, car le monsieur se réveille tout de même tous les jours dans une maison d’architecte de pas moins de 400 m², et le monsieur ne semble pourtant pas devoir se lever tous les matins à 6h (même s’il le fait tout de même) pour aller gagner sa croûte dorée.

John Wick chien

Jolie maison, petit chien, John Wick est un homme simple d’apparence. D’apparence seulement.

Reste que monsieur Wick ne pète pas non plus la forme, puisque Helen, l’amour de sa vie, vient de disparaître tragiquement des suites d’une terrible maladie. Alors qu’il semble seul au monde, l’ami DHL vient lui livrer un matin une adorable petite chienne Beagle du nom de Daisy, accompagné d’une carte de sa femme, la dernière, lui annonçant que ce compagnon à 4 pattes serait son ultime cadeau, afin qu’il ait quelqu’un à chérir après son départ de cette vie.

Alors qu’il semble remonter la pente, il est abordé un jour par une bande de jeunes br*nleurs en BM’ qui semblent flasher sur sa Mustang de 69. Lesquels seront présents à son domicile le soir même, le ruant de coups, volant son magnifique bolide, et, le pire de l’histoire, tuant la pauvre petite Daisy sous ses yeux par pure cruauté.

Manque de bol, l’ignorance de ce groupe d’abrutis a fait qu’ils ne se sont pas pris à un calme rentier ou gagnant au loto, mais à John Wick, un ancien tueur à gages, reconnu comme étant le meilleur de toute la East Cost. Et le père du meneur du groupe de cambrioleurs, Viggo Tarasov, le sait très bien, et tremble de savoir ce qu’un ancien tueur d’élite qui a tout perdu est capable de faire.

La vengeance guidée par le désespoir

Il faut avouer qu’au premier abord, un scénario basé sur un mec qui veut zigouiller la moitié de la mafia russe de New York à lui seul parce qu’un jeune trou du cul a tué son chien, c’est pas banal. Mais lorsqu’on apprend à connaître le sieur Wick tout au long du film, on comprend qu’il a perdu bien plus.

On découvre donc avec John Wick un pur film de vengeance, entre polar et action, avec un héros guidé par rien d’autre que la soif de meurtre, et qui sait s’y prendre en plus.

Michael Nyqvist dans john wick

Le suédois Michael Nyqvist incarne superbement un cynique parrain russe.

Si on ne connaît que peu les deux acolytes Stahelski et Leitch, on retrouvera dans le film pas mal de têtes connues : Keanu Reeves dans le rôle principal, mais également Michael Nyqvist (Millenium) en parrain de la mafia russe, Willem Dafoe (Les anges de Boston) en tueur misanthrope ou encore Lance Reddick (Fringe) en maître d’hôtel d’exception. On s’amusera surtout de voir Alfie Allen, le malchanceux Theon Greyjoy de Games of Thrones, dans un rôle qui ne doit pas le dépayser : un jeune « fils de », idiot et vantard, qui finira vite par prendre très très cher.

De leur aveu, Stahelski et Leitch ont tout d’abord cherché à se faire plaisir en travaillant avec des amis, Keanu Reeves en premier, ou des acteurs qu’ils ont toujours admirés. Un bon pari, puisqu’on se retrouve avec un bon panel d’acteur doués et efficaces. De bonnes fondations pour la création d’un film à succès, mais qui ne peuvent néanmoins soutenir un édifice s’il est branlant.

De la noirceur du monde des truands

Ne tergiversons pas longtemps : le leitmotiv de John Wick, c’est la vengeance, pure, violente et meurtrière. Encore une fois, et là où le scénario comme le jeu de Keanu Reeves aident à l’affirmer, Wick est un tueur qui avait tout quitté pour un retour à la vie normale, et prend le risque de retomber dans le monde du crime en partant en croisade.

keanu reeves john wick

L’aspect froid et sans état d’âme du héros est un point important du film

Mais surtout, c’est le fait qu’il n’ait absolument rien à perdre qui le rend froid et déterminé. On est donc loin d’un film Marvel, où le héros se bat pour sauver les miches de quelques milliards d’humains, et ses fesses en même temps : John Wick part au charbon en n’ayant cure d’en revenir en Supercar américaine ou dans une boîte en bois.

Certains penseront à un Punisher-Like, un homme qui a tout perdu et qui se bat pour la vengeance; sauf que Wick est un tueur-né, une machine à enlever la vie, tel que Viggo le surnomme : le Croque-Mitaine. Point de justice, seul le plaisir provoqué par la vengeance.

On se plaît donc à suivre cet Ange de la Mort dans son périple semé de cadavres, que nul semble pouvoir arrêter. La réalisation est plus que louable pour de jeunes réalisateurs, avec une action parfaitement lisible et une trame bien ficelée. Le film terminé, aucun point sans réponse ne vient ternir le souvenir du film, et on a passé un moment de pur divertissement.

Gunfight dans le film John Wick

John Wick, un homme peu économe en munitions.

Que pourra-t-on regretter après avoir vu John Wick ? Pas grand chose au final si on y réfléchit bien. Évidemment, le scénario est simple et les amateurs de films anti-neurones tels qu’un Inception seront probablement déçus. Mais ceux qui aiment l’action soutenue, bien chorégraphiée (on suppose que Keanu Reeves a été heureux de posséder les bases apprises pour Matrix…) et sans pauses latentes seront comblés.

On regrettera peut-être aussi le jeu peut-être un peu trop maîtrisé de Keanu Reeves. Bien que cela me fasse mal tant j’apprécie cet acteur et la classe qu’il dégage, on aurait aimé voir un personnage encore plus froid et dénué de sentiment, même si le John Wick représenté par Reeves ne semble pas non plus être sur un petit nuage. Mais ça, c’est chipoter.

Un film pour rester éveillé

Au final, John Wick est réellement ce qu’on attend d’un film d’action : une tension constante, pas de blabla inutile, pas de creux dans le récit, un scénario simple et efficace mais dont on connait le départ sans connaître la fin. Il est certain qu’aujourd’hui, ce que l’on nomme un « grand film » ne peut être juste une suite de scènes d’action sans réelle réflexion, même si bien enchaînées.

Scène de John Wick

Encore une fois, Keanu Reeves offre sa classe innée à un personnage

Mais putain, un film où l’on ne s’ennuie pas, où on exulte par la classe et l’apparente invincibilité du héros qui avance à travers les hordes d’ennemis sans sourciller, tout en semblant néanmoins bien humain et fragile, ça mérite d’être souligné.

On passe 1h41 de pur divertissement, qui ne demande rien en retour, dont on sait que ce ne sera pas le film qui restera dans tous les esprits, mais dont on ressort satisfait de la salle de projection. Et ça, dans une époque où films américano-américains aseptisés se battent avec des essais de jeunes réalisateurs trop ambitieux cherchant à innover des styles déjà trop essorés, ce n’est clairement pas du luxe.

Bande annonce VF de John Wick (2014)

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