Platon La Gaffe : Survivre au travail avec les philosophes

Adrien 31 mars 2014 0
Platon La Gaffe : Survivre au travail avec les philosophes

Scénario : Charles Pépin
Dessin : Jul
Couleurs : Jul
Genre : Satirique
Éditeur : Dargaud

Après la planète des sages, Jul est de retour dans nos librairies depuis 2013 pour sa dernière sortie en date : Platon La Gaffe. Et cette fois encore, c’est l’écrivain Charles Pépin qui lui prêtera sa plume pour l’occasion. Somme nous devant la belle réflexion philosophique à laquelle nous sommes en droit de nous attendre ?

Synopsis : Kevin Platon va faire son stage d’observation de 3è dans une entreprise de Communication : la COGITOP… La devise de la boîte c’est « Un service, des cerveaux »… et pour cause : tous les employés sont des philosophes célèbres !

Platon La Gaffe survivre au travail avec des philosophes CritiqueDe Nietzsche le DRH à Foucault, responsable de la vidéosurveillance, de Thérèse d’Avila secrétaire de Direction à Montaigne en période d’Essais, notre stagiaire va découvrir le monde du travail version philo. Jul et Charles Pépin nous offrent un véritable manuel pratique de la vie de bureau. Avec cet album, vous n’irez plus jamais travailler de la même façon !

Avec « Platon La Gaffe : Survivre Au Travail Avec Les Philosophes », Jul, aidé par la plume de Charles Pépin nous offre une réflexion à la fois acide, réaliste et pleine de tendresse sur ce qu’il estime être le monde du travail. L’occasion nous est donnée de suivre le jeune Kevin Platon, élève de troisième, tout au long de sa période de stage en entreprise. Au fur et à mesure qu’il s’enfoncera dans les boyaux de la Cogitop, il croisera sur sa route différents employés de la boite, répondant tous à des noms de célèbres philosophes. En effet, le psychologue d’entreprise s’appelle Sigmund Freud, Rousseau et Voltaire sont deux commerciaux qui s’affrontent sans arrêt pour faire le plus gros chiffre et le PDG est un certain Jean-Philippe Dieu (BHL se retrouvant relégué au rang de coursier). Et rassurez-vous, ces traits d’esprit ne sont que quelques un parmi tous ceux que propose ce livre !. Pas de spoil par ici ! Passons maintenant à ce qui fait l’essence de toute œuvre : la forme et le fond.

Les dessins sont, comme dans toute œuvre de Jul, extrêmement caricaturaux. Les personnages sont reconnaissables au premier coup d’œil pour la plupart, et leurs expressions faciales sont simples mais drôles. En ce qui concerne les personnages, les dessins sont très colorés, mais pour les décors, ce n’est pas la même chose : En effet, il n’y a quasiment pas d’arrière plan. Et même si c’est un choix logique et prévisible pour ce genre d’œuvre, on peut regretter un certain vide, qui rappelle parfois les dessins humoristiques qu’on trouves dans les journaux satiriques. Je rappelle que ce livre coûte quand même une vingtaine d’euros. Malgré tout, cette absence de superflu n’est pas traumatisante Ce n’est pas magnifique parce que ce n’est pas pensé pour l’être, tout simplement.

En ce qui concerne l’écriture, on a affaire à quelque chose d’original (sans être inédit), puisque les planches sont entrecoupées de petits textes d’une ou deux pages, nous donnant des informations sur le monde du travail au temps des grecs, ou expliquant pourquoi les philosophes réagissent comme ils le font dans la BD en se basant sur leurs vraies biographies. Et si on peut être tenté de sauter ces paragraphes qui semblent venir casser le rythme, il serait au final dommage de passer à coté, leur pertinence étant au final indiscutable. Et surtout, c’est drôle ! Le jeune Kevin Platon enchaîne maladresses et expériences malheureuses tout en conservant l’espoir un peu fou d’être prêt à se jeter dans le monde du travail. Les situations sont délicieusement tragiques, et l’on ne peut s’empêcher de se remémorer nos propres expériences en stage d’observation en entreprise. On entre dans cet univers en étant un peu hésitant, et on se surprend finalement à ne pas pouvoir lâcher le livre avant de l’avoir terminé.

Pensé comme un constat amer a propos de la réalité de l’entreprise, cette modeste bande dessinée s’avère être tant une critique de certaines méthodes actuelles de management qu’un hommage à l’héritage qui nous a été confié par les premiers travailleurs. Mais au bout du compte, c’est une véritable leçon de philosophie qui nous est offerte par « Platon La Gaffe : Survivre Au Travail Avec Les Philosophes ».

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