[Màj] Test : Deadly Premonition The Director’s Cut (PS3/PC)

Gael 28 avril 2013 0
[Màj] Test : Deadly Premonition The Director’s Cut (PS3/PC)
  • Scénario
  • Visuel
  • Jouabilité
  • Bande-son
  • Durée de vie

Développeur/Éditeur : Access Games/Rising Star Games
Support(s) : PS3 (installation obligatoire de près de 3 Go), PC (6,5 Go)
Type de jeu : Survival horror/TPS/Reluquage chez la populace
Date de sortie en France : 26 avril 2013 (PS3), 29 octobre 2013 (PC)
Classification : PEGI 18

Bien avant le mariage pour tous, Deadly Premonition avait divisé lors de sa sortie il y a deux ans et le lancement de sa Director’s Cut en 2013 a peu de chances de faire changer d’avis les partisans des différents camps. Que l’on m’amène des esprits vierges de toute information relative à ce jeu, je m’en vais les préparer à un voyage unique et fort de café.

Le nanar du bizarre

Deadly Premonition : the director's cut jaquette du jeu PS3

« Deadly Premonition : The Director’s Cut » testé sur PS3

Gaël, ne serait-il pas temps que tu admettes n’avoir que peu foi en l’avenir du jeu vidéo (oui) ? Parce qu’en regardant cette courte liste de jeux attendus pour cette année et sur lesquels tu sembles prêt à te ruer sans réfléchir, on y trouve un certain Deadly Premonition : The Director’s Cut, version améliorée d’un titre que tu as déjà retourné (parce qu’il fallait bien essayer par derrière au moins une fois) sur PS3 et Xbox 360. Tu avoueras que la situation est triste (ça se discute), alors que des Assassin’s Creed III, God of War : Ascension et autre Tomb Raider viennent de sortir et que GTA 5 et Beyond : Two Souls risquent de conclure 2013 en beauté. Mais je sais bien ce que tu penses (merci de rendre mes parenthèses inutiles), et, malgré le fait que Deadly Premonition n’ait plus vraiment de secrets pour toi, je sais que tu te réjouis de faire « comme si » cette Director’s Cut signifiait une renaissance du jeu, t’offrant une occasion de vivre de nouveau l’aventure de A à Z avec l’espoir de le trouver tout aussi époustouflant que la première fois (et évidemment, ça ne marche pas, mais vous n’arriverez pas à me gâcher mon délire).

À la base, Deadly Premonition est un OVNI vidéoludique, un titre gauche dans sa réalisation et sa jouabilité mais dont les défauts s’étaient affaissés pour laisser resplendir le scénario, la mise en scène, les personnages et la bande-son du jeu, d’un calibre rare et, oui, différent. Uniquement disponible sur Xbox 360 en Occident, Deadly Premonition allait pouvoir se découvrir aux joueurs PS3 tout sauf nippons grâce à une Director’s Cut annoncée l’année dernière pour les États-Unis et l’Europe. Une mouture enrichie par l’arrivée de nouvelles scènes et de contenus supplémentaires, et dont les graphismes et la maniabilité seraient retravaillés pour vraiment dégoûter à tout jamais les possesseurs de Deadly Premonition sur 360. Mais avant d’entrer dans les détails de cette version « dileuxe », plantons le décor et filons à Greenvale au moment où un meurtre à l’exécution jamais vue secoue cette paisible ville. Enfin, paisible, vous pouvez oublier maintenant.

Prémonitions intimes

Deadly Premonition : The Director's Cut image 1

« Non officier, n’allez pas regarder les notes du jeu sur le net, je n’ai pas envie d’avoir un autre décès sur les bras ! »

Ce meurtre marque la fin de l’existence de la belle Anna Graham, demoiselle apparemment sans histoires et que des enfants ont retrouvée clouée à un arbre, le corps ouvert de la poitrine au ventre (mais les tétons recouverts par ses cheveux, rassurez-vous). Pour tenter de faire la lumière sur cette macabre affaire qui dépasse apparemment la police du coin, est appelé sur les lieux l’excentrique et cancérigène Francis York Morgan, agent spécial du F.B.I. s’intéressant de près aux meurtres de jeunes femmes. Ce qu’il y découvrira l’amènera à faire un lien avec de précédentes enquêtes et donc à s’investir davantage dans ce nouveau cas. Ce qui ne sera pas du goût du shérif de Greenvale, George Woodman, tandis que son adjointe, Emily Wyatt, se contentera juste de sermonner York pour ses mauvaises manières. La galanterie féminine dans toute sa splendeur. Et voilà comment, après une sensationnelle séquence d’intro (dont je ne me lasse toujours pas), l’agent York va commencer sa passionnante investigation, passionnante car faite de multiples déambulations dans la bourgade de Greenvale où notre ami récupérera des os de chien par-ci, des cartes de collection par-là, quand il n’interrogera pas d’éventuels suspects à l’épicerie après les avoir espionnés par la fenêtre de leur maison.

Dans son apparence et ses mécaniques, sans toutefois ignorer une personnalité bien à lui, Deadly Premonition emprunte à plusieurs grands noms du jeu vidéo sans jamais leur faire honte. Resident Evil, Silent Hill, Siren pour l’ambiance et certains éléments de jeu, Shenmue, The Legend of Zelda : Majora’s Mask pour le côté « les PNJ ont aussi une vie », avec bien évidemment une inspiration directe de la série Twin Peaks. Après quelques heures de jeu pendant lesquelles votre champ d’actions se verra limité, la linéarité se dissipera petit à petit et à vous les quêtes annexes qui vous permettront de rendre la compréhension de l’histoire principale un peu moins opaque. Là, je suis parti pour paraphraser mon test réalisé pour GNT il y a deux ans, alors pour éviter la redite et vous rendre tout savant d’un coup, je vous mets mon avis sur la version originale. Ensuite, revenez par ici pour assister à la dissection de ce Deadly Premonition : The Director’s Cut. Ou décorticage, c’est moins choquant.

La scierie ? on dit que c’est le théâtre de l’enfer

Deadly Premonition : The Director's Cut image 2

« Non mais allez-y, parlez, je vous entends très bien. »

Sur le papier, il était écrit que cette nouvelle version de Deadly Premonition serait la meilleure de toutes, parce qu’enrichie en moult cotillons et DLC folichons destinés à bonifier l’expérience originale. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le verso de la jaquette se fait un plaisir de qualifier Deadly Premonition de jeu controversé (et de « phénomène culte » aussi, parce que le but de l’éditeur est quand même de réussir à séduire le client). Procédons par ordre. Des graphismes améliorés ? Oui. Pour faire bref, les modèles 3D sont désormais en HD, et retravaillés pour une partie d’entre eux. Le rendu est par conséquent un peu plus fin, plus net, ça ne pique plus les yeux (et les nœuds, j’en ai plus, c’est super), mais le jeu reste techniquement souffreteux, sans compter certains jeux d’ombre et de lumière ratés. Mais attendez, je ne vous ai pas tout dit. On ne s’est pas pris la tête chez les responsables de cette mouture, on a tout simplement pris pour base celle sortie sur PS3 uniquement en Asie sous le nom de Red Seeds Profile. On gagne donc des bugs (dont celui du « conducteur sans tête ») et des freezes inexistants (ou en tout cas, en nombre réduit) sur Xbox 360. Il ne fallait sans doute pas trop en demander aux développeurs d’Access Games, qui étaient d’ailleurs aussi censés nous rendre le gameplay moins raide, plus accessible, alors qu’en est-il ?

On peut vérifier dès l’écran-titre que cette volonté a été, du moins en partie, respectée, avec les trois niveaux de difficulté du Deadly Premonition original qui fusionnent pour donner naissance à un mode unique qu’on devine être le juste milieu pour la majorité des joueurs. A titre de comparaison, le premier ennemi que l’on rencontre dans le jeu s’abat en deux, trois balles dans cette Director’s Cut, contre trois milliards dans l’original. Victime collatérale : la peur, celle de se retrouver coincé(e) par un ou des ennemi(s) qui n’ont maintenant que peu de chances de se rapprocher dangereusement de vous si vous visez bien. Certes, les combats ne devaient pas être présents à la base du développement, mais en ne modifiant pas la structure du jeu, les développeurs nous livrent des phases se résumant à du shooting sans stress, ou si peu. Ça devrait en arranger certains. Plus facile en rendant les trousses de soin quasi inutiles, cette Director’s Cut aura en tout cas le mérite de vous rendre certains affrontements (vers la fin du jeu) bien moins irritants qu’avant (les vrais savent à quels ennemis je fais référence). A moins que la disparition du demi-tour rapide n’en ait fait des moments encore plus pénibles…

Éa va ëtre razoir, Zach ?

Deadly Premonition : The Director's Cut image 3

La conduite des véhicules a subi quelques petits changements notables. Jouable mais pas trop.

On accueillera avec satisfaction la possibilité d’agrandir la mini-carte en extérieur en appuyant sur Select, vraiment pratique pour vérifier la présence de commerces à proximité par exemple. L’intégration du Move est également de la partie, mais à part nous faire patienter cinq secondes supplémentaires au lancement du jeu et le fait d’égayer la jaquette d’une belle bande bleue, nous la considèrerons comme anecdotique (et la 3D stéréoscopique ? Je m’en fiche aussi.). À l’inverse des Trophées particulièrement nombreux puisque récompensant notamment chaque quête annexe réussie (à la différence des Succès 360 qui se limitaient au strict minimum). La configuration manette a de même été modifiée, avec notamment la course (sur Carré dans la première version) qui est désormais placée sur L2. Résultat des courses (ha), il est maintenant impossible de faire un demi-tour rapide (Bas + Carré dans Red Seeds Profile), même en changeant la configuration. Les pas de côté ont également disparu. Dans une édition Director’s Cut (ou même un portage tout bête), on est normalement en droit d’attendre des ajouts et non l’inverse, surtout quand le retrait de ces éléments atrophie le gameplay au final. Carton jaune.

On aurait aimé pouvoir tirer en se déplaçant. Non, oubliez. On aurait aussi pu espérer que le jeu nous permette enfin de sauvegarder dans un chapitre précédemment joué (quand on veut remplir des quêtes ne se déroulant qu’à des moments bien spécifiques). Perdu, il faudra se taper l’ensemble du chapitre pour que le jeu enregistre notre progression (problème en partie résolu par les Trophées). Du contenu supplémentaire ? Oui aussi. Je ne me prononcerai pas sur les DLC, puisque ceux-ci ne sont pas encore disponibles à l’heure où je rédige cette critique. Les épisodes (pas tous) sont désormais entrecoupés de nouvelles scènes que je ne vous détaillerai évidemment pas, mais sachez qu’elles sont principalement là pour faire plaisir au fan qui a payé sa Director’s Cut deux fois plus chère que l’original sur Xbox 360 et qui cherche encore ce qui peut justifier cette différence de 20 euros. Et il n’est pas au bout de ses peines.

Question saugrenue pour un titre correctement fini, mais qui a parfaitement sa place ici : Deadly Premonition : The Director’s Cut a-t-il été bêta-testé, et si oui, la majorité des bêta-testeurs souffraient-ils de cécité quand le jeu tournait sous leurs yeux? Lors des transactions (dans des magasins ou la station-service) ou à chaque moment où le jeu demande à ce que vous utilisiez un objet de votre inventaire, les textes des descriptions deviennent en effet presque illisibles, les icônes n’en font qu’à leurs têtes et l’image se découpe sans explications (un aperçu ici). Quant à la localisation française, non contente de reprendre mot pour mot les textes de la version 360 qui n’étaient déjà pas fameux dans l’ensemble, elle ajoute d’impardonnables erreurs comme des lettres ou mots manquants (quand ils ne sont pas doublés) et des accents/lettres placés n’importe comment (« sëlectionner », « bodte â outils » et le bientôt célèbre « Éa » au lieu de « Ça »). À ce stade, difficile de parler de « détails » dérangeants puisque accumulés, ces derniers pèsent un poids non négligeable dans l’expérience du joueur. Et difficile de croire à l’arrivée prochaine d’un patch correctif. Deuxième biscotte au beurre, carton rouge, veuillez sortir monsieur.

Sur la version PC : avec cette re-ressortie de Deadly Premonition, mon seuil de tolérance a été atteint. On peut me reprocher de ne pas savoir quand me plaindre, mais d’avoir bridé la résolution du jeu à 720p n’était sincèrement pas un souci à mes yeux, et je ne me faisais pas d’illusion quant à l’éventualité que la traduction française du jeu soit revue. Mais d’avoir purement et simplement retiré la compatibilité manette (« support partiel », non, soyez sérieux) alors que Deadly Premonition vient du monde console reste une absurdité sans nom. Alors oui, Rising Star Games planche sur une seconde mise à jour (la première était anecdotique) qui devrait rendre enfin dispensable la jouabilité clavier/souris, mais le mal est déjà fait, d’autant plus que le remède n’est toujours pas là, quasiment deux semaines après la sortie du jeu sur Steam, et que les palliatifs offerts par quelques développeurs amateurs doués ne fonctionnent pas chez tout le monde. Cette mouture ne mérite donc pas plus de deux étoiles à l’heure actuelle, mais dès qu’elle deviendra jouable, l’expérience devrait être semblable à celle vécue sur PS360, les DLC inclus de base en sus. L’essentiel étant de vous avertir dès maintenant que Deadly Premonition : The Director’s Cut n’est présentement pas recommandable sur PC. Ce test sera évidemment mis à jour si de nouvelles différences avec la version PS3 font leur apparition au fil du temps.

MàJ : sorti le 27 novembre dernier, le patch adorablement nommé 1.01 a enfin intégré une totale compatibilité avec les pads (Xbox 360 de préférence), ce qui devrait normalement être un motif de satisfaction pour les possesseurs du jeu résolus à ne pas/plus y toucher tant que leur manette ne serait pas pleinement reconnue. Avec cette mise à jour, Deadly Premonition : The Director’s Cut devient effectivement bien plus jouable, mais malheureusement pas autant que son homologue PS3, la faute à une visée haut et bas effective sur seulement quelques degrés, rendant ainsi impossible de pointer son arme vers le ciel ou à ses pieds. Si cet extrême n’est pas dérangeant en soi, il illustre cependant bien le problème qui oblige à se repositionner quand l’ennemi ne peut plus être ciblé. Je suis fatigué par cette incompétence chronique que je ne sais même plus à qui imputer (Rising Star Games, Access Games ?), alors trois étoiles, c’est le tarif que mérite cette version PC et c’est tout.

Deadly Premonition : The Director’s Cut avait l’occasion de s’ouvrir à davantage de joueurs, il ne convaincra que les sceptiques de l’édition originale qui n’avaient pas de Xbox 360 pour en profiter et qui attendront éventuellement une baisse de prix de son faux remake pour craquer. Pas de méprises, même dans cette version fainéante, Deadly Premonition demeure redoutable (dans tous les sens du terme) et seuls ceux qui placent la tolérance et l’acceptation de l’autre au-dessus de tout sauront voir en lui un titre prenant, bien écrit et émotionnellement fort. Si vous avez déjà joué à/possédez la première version, retirez une voire une étoile et demi à la note.

Vidéo / Trailer du jeu « Deadly Premonition : The Director’s Cut »

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